Chaise vide
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 janvier 2023 10:58
- Écrit par Claude Séné
La politique de la chaise vide a désigné dans les années 60 l’attitude du président français de l’époque, un certain Charles de Gaulle, qui avait décidé de ne pas envoyer de représentant au conseil des ministres de la communauté économique européenne, pour protester contre le futur financement de la politique agricole commune, dont nous étions un des principaux bénéficiaires. Par son absence, la France bloquait toute avancée, les décisions devant être prises à l’unanimité des pays membres. La situation est bien différente aujourd’hui, mais l’absence du président Macron, ainsi que plusieurs ministres importants, le jour même où se déroulaient de grandes manifestations contre son projet de retraite, n’a pas manqué d’être commentée.
C’est bien simple, la veille de ce que d’aucuns qualifiaient par avance de « jeudi noir », Olivier Besancenot invité par BFMTV pour commenter la réforme envisagée, a failli tomber de sa chaise en apprenant la désinvolture avec laquelle Emmanuel Macron traitait l’opinion publique. Alors bien sûr, le président a présenté son mot d’excuse, en prétextant l’urgence absolue de signer un traité d’amitié avec l’Espagne à Barcelone toutes affaires cessantes, mais cela ne trompera personne. Le symbole est clair et fort. Le président français traite le peuple par le mépris, qui est sa seconde nature. S’il avait quelque considération pour ses sujets, le monarque républicain aurait évité de se déplacer à l’étranger pour se consacrer à l’examen de la situation intérieure et envisager comment tenir compte de l’opinion des Français. Par exemple en soumettant son projet à référendum, ce dont il se garde bien, préférant se référer à un vote biaisé, dont il reconnaissait lui-même à l’époque qu’il n’était pas d’adhésion à un projet, mais de refus d’une candidate concurrente.
Pour aggraver encore son cas, Emmanuel Macron a aussi dérogé une nouvelle fois à son principe de ne pas commenter la situation intérieure française depuis l’étranger, en réaffirmant sa détermination et en laissant entendre qu’il ne renoncera pas, la France entière fut-elle dans la rue, « parce que c’est son projet », probablement. Ce n’est pas la première fois qu’il faudra lui rappeler que le costume du général de Gaulle est beaucoup trop grand pour lui, et que même le grand Charles, après 6 mois de bouderie européenne, avait dû se résoudre à signer un compromis avec ses partenaires au Luxembourg pour assouplir les règles de prise de décision. Cette fois, la mobilisation réussie du 19 janvier devrait inciter le président à revoir sa copie, sans attendre les épisodes suivants, pour épargner au pays les conséquences des mouvements sociaux et prouver aux administrés qu’ils ne comptent pas pour du beurre et qu’on prend en considération leur avis, même en dehors des élections. Sur des sujets aussi importants que les retraites, il est légitime d’écouter les principaux intéressés et d’engager de véritables négociations sur le fond.