Pénibilité : la retraite à 42 ans
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 19 janvier 2023 11:00
- Écrit par Claude Séné
C’est l’âge de la Première ministre néo-zélandaise, qui annonce aujourd’hui sa démission prenant effet le 7 février au plus tard. Jacinda Ardern, cheffe du parti travailliste, a remporté les élections législatives en 2017 puis en 2020. À titre personnel, elle est élue avec 70 % des voix, et sa cote de popularité est alors au plus haut, à la fois dans son pays et à l’étranger. Elle ne s’est mise en retrait de la vie politique que quelques semaines après la naissance de sa fille en 2018, et c’est son conjoint, présentateur de télévision, qui sera père au foyer.
Pour expliquer sa démission surprise, Jacinda Ardern a invoqué la difficulté de la tâche, qu’elle a exercée plus de 5 ans. Une période où elle a dû faire face à l’épidémie de Covid, comme tous les dirigeants, et un grave attentat terroriste d’extrême droite à Christchurch. C’est sous son mandat que le droit à l’avortement sera pleinement légalisé en Nouvelle-Zélande, où il était considéré comme un crime. Symboliquement, elle amènera sa petite fille alors âgée de 3 mois à l’Assemblée générale des Nations unies, ce qui lui vaudra la sympathie générale et donnera à son pays une image « moderne, progressiste, inclusive et égalitaire ». Tout n’aura évidemment pas été parfait dans ses deux mandats successifs. Elle a d’abord dû composer avec un allié encombrant dans la première coalition gouvernementale, le parti nationaliste Nouvelle-Zélande d’abord, avant de s’en débarrasser grâce à une victoire historique aux législatives de 2020. La question des populations autochtones maories a aussi amené quelques conflits, malgré leur présence au gouvernement. Si sa gestion de la pandémie tirant parti du caractère insulaire et de la relative étroitesse du pays a été saluée internationalement, la lutte contre le réchauffement climatique a déçu les plus radicaux.
Si, dernièrement, la cote de Jacinda Ardern a fléchi dans les sondages, elle reste élevée. Son explication mérite le respect. Elle déclare ne plus avoir suffisamment d’énergie pour poursuivre sa tâche : « Je suis humaine. Nous donnons autant que nous le pouvons et aussi longtemps que nous le pouvons, et puis c’est le moment. Et pour moi, ce moment est arrivé ». Elle pense que son parti peut remporter les prochaines élections prévues en octobre 2023, et elle parie même sur ce succès, mais sans elle. On ne peut que saluer cette attitude, tellement rare, où un dirigeant a la lucidité de se retirer alors que rien ne l’y oblige, simplement pour permettre à son pays de se doter d’un nouveau leader, qui aura l’énergie nécessaire, et on l’espère, la capacité à écouter le peuple d’où il tire sa légitimité. Pour mémoire, le président de la République française est âgé de 45 ans seulement, mais voilà longtemps qu’il n’écoute que son intuition, persuadé de détenir la science infuse, au prix d’une casse sociale exorbitante.