La faute à qui ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 24 décembre 2022 10:49
- Écrit par Claude Séné
Un homme de 69 ans a tué 3 personnes hier dans le 10e arrondissement de Paris et en a blessé trois autres, tous membres de la communauté kurde, ce qui a causé une vive émotion jusqu’au sommet de l’état, président de la République, Première ministre, ministre de l’Intérieur compris. Depuis, c’est le branle-bas de combat dans les rédactions, qui cherchent à comprendre et à expliquer ce geste. Toutes les hypothèses sont évoquées et selon l’expression consacrée, aucune piste n’est écartée, façon élégante de démontrer que les autorités ne maîtrisent rien.
J’ai fortement pensé à la chanson de Bob Dylan, adaptée en français par Graeme Allright sous le titre : « qui a tué Davey Moore ? » dans laquelle le public, l’arbitre, l’adversaire du boxeur mort sous ses coups, tentent de se dédouaner de leurs responsabilités. Les Kurdes de France ont évidemment supposé des connotations racistes et terroristes, bien que ce caractère ne soit pas encore établi avec certitude. Ils suspectent fortement le régime turc de Recep Tayyip Erdogan de vouloir éliminer les opposants avec la complicité de la France, qui ne les protège pas suffisamment. Des heurts ont opposé la police à des manifestants après les déclarations de Gérald Darmanin, qui a remercié les forces de police alors que le tireur a été maîtrisé par de simples clients du salon de coiffure où s’est déroulée une partie des faits. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, est chargé de recevoir les représentants du Conseil démocratique kurde en France pour tenter de raccommoder les morceaux.
Pour la gauche, le climat de haine de l’étranger entretenu par l’extrême-droite favorise ce type de passage à l’acte, et je suppose que la droite, macroniens compris, dénoncera le laxisme de la justice. Précisément, cette fusillade illustre un dysfonctionnement majeur de notre système judiciaire. Le suspect venait d’être libéré, comme le prévoit la loi, après un an de prison préventive et une condamnation en première instance. Un individu manifestement dangereux, remis en liberté sous contrôle judiciaire avec un suivi psychiatrique tout théorique, faute d’effectifs suffisants pour juger son affaire dans des délais « raisonnables ». Si l’on se place d’un point de vue individuel, on constate que le suspect, qui a déjà dans le passé attaqué un camp de migrants à l’arme blanche et pratique le tir « sportif », se définit lui-même comme raciste. Il détient illégalement des armes non déclarées, et son père le considère comme « cinglé », totalement « fou », ce qu’il ne faut pas forcément prendre au pied de la lettre, mais que l’on ne peut pas écarter, sous réserve d’une expertise psychiatrique. Beaucoup d’hypothèses qui demandent à être vérifiées, mais qui démontrent que la société, à la veille de Noël, a encore beaucoup de pain sur la planche pour assurer la paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté.
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