Et si c’était elle ?

On connaît surtout une Marine, celle qui a repris le navire amiral d’une extrême droite qui ne veut pas dire son nom, et qui a fini par réussir à faire oublier plus ou moins les outrances de son père, à grand renfort de dédiabolisation et de normalisation. Un fascisme à visage humain en somme, qui aime les chats et le fait savoir. L’autre Marine, c’est Marine Tondelier, qui s’oppose à Marine Le Pen et au Rassemblement national dans la ville d’Hénin-Beaumont, où elle est élue écologiste minoritaire. Le public connaît mal cette trentenaire qui va succéder à Julien Bayou à la tête du parti Europe écologie les verts, dont elle souhaite changer le nom.

Quand on sonde les Français, on se rend compte que les sujets écologiques reviennent régulièrement en tête des préoccupations et le paradoxe, c’est que l’écologie politique peine à rassembler des électeurs aux scrutins nationaux. Ils sont pénalisés par la loi électorale privilégiant le système majoritaire, mais pas seulement. Il est probable que les écologistes souffrent également d’une question d’incarnation, les personnalités marquantes étant très clivantes, à la manière d’une Sandrine Rousseau qui fait beaucoup parler, mais peine à rassembler sur des positions abruptes. On avait coutume de dire que si l’on réunissait 4 écolos, on obtenait 5 ou 6 tendances différentes, et c’était à peine exagéré. Marine Tondelier a eu le mérite de recueillir sur son nom près de la moitié des votes au premier tour et a su négocier avec ses concurrents pour aboutir à une motion de synthèse, rassemblant plus de 90 % des militants.

Dès sa prise de fonction, elle annonce une consultation pour définir les orientations et propose un changement de nom, avec « les écologistes », arguant du fait que tout adjectif superflu ne fait que brouiller le message. On entend en filigrane une critique à peine voilée de l’éco féminisme cher à Sandrine Rousseau. L’objectif étant de rassembler et non de diviser. J’avoue que cette forme de discours tranche agréablement avec les oukases des ayatollahs verts qui prônent une écologie punitive, selon des caricatures contenant un certain fond de vérité. Une nouvelle génération d’écologistes s’est fait connaître en décrochant les mairies de plusieurs cités moyennes ou même importantes. À part quelques dérapages idéologiques, la plupart des coalitions emmenées par les écolos ont plutôt fait leurs preuves. Ces magistratures préfigurent peut-être des alliances au plan national qui pourraient renouveler l’offre politique, enkystée dans de vieilles structures devant arbitrer les ambitions personnelles. L’appétit vient en mangeant, dit-on, et Marine Tondelier semble avoir les qualités permettant de résoudre la quadrature du cercle en rassemblant d’abord les convaincus, et, qui sait, une partie plus large de la population.