Peccadille

Nom féminin, issu du mot espagnol pecadillo, petit péché, venant lui-même du latin classique « peccare », commettre une faute. Il désigne une faute anodine, sans gravité, constituant un péché véniel, à l’opposé des péchés mortels ou capitaux qui sont au nombre de sept, comme chacun sait. Il n’est pas forcément facile de tracer la frontière entre ces fautes, ces erreurs, voire ces errements. Il aura fallu 35 ans de réflexion au cardinal Jean-Pierre Ricard, pourtant expert en ces jugements casuistiques dignes des Jésuites, qui a occupé les plus hautes fonctions dans la hiérarchie catholique, pour s’apercevoir du caractère délictueux de sa conduite à l’égard d’une jeune fille âgée de 14 ans au moment des faits.

Cette prise de conscience tardive ne doit rien au hasard, et il ne semble pas que le prélat, alors simple curé à Marseille, en ait vu son sommeil perturbé, ni que cela l’ait empêché de gravir un à un les échelons d’un avancement hiérarchique, on serait tenté de dire, au contraire. Après une carrière bien remplie, il coulait des jours paisibles en retraite depuis 2019 au presbytère de Peyruis, mis à sa disposition à sa demande, sans que les remords viennent le tarauder. On songe au Tartuffe de Molière, qui se portait à merveille et profitait de la vie fort dévotement. Il semblerait que l’élément déclencheur dans l’accès de franchise qui a frappé brusquement le cardinal soit une missive adressée à l’épiscopat français par les parents de la victime pour dénoncer les faits d’agression sexuelle sur une mineure, à la suite de la mission confiée à Monseigneur Ricard d’enquêter sur des abus commis dans des foyers d’accueil. Il n’aurait alors eu d’autre choix que de reconnaître la matérialité des faits et d’exprimer ses regrets pour le traumatisme extrêmement fort qu’il lui avait fait subir.

Depuis que l’église a décidé d’enquêter sur la pédophilie et les abus sexuels commis en son sein, il a pu être reproché à la hiérarchie d’avoir gardé le silence sur des pratiques dont elle avait connaissance. Le cardinal Barbarin en est un exemple emblématique. On s’aperçoit désormais que ce silence était dû aussi à la gangrène qui touche les cadres de l’église eux-mêmes. Le président de la conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, a évoqué en conférence de presse six cas d’anciens évêques mis en cause par la justice civile ou ecclésiastique, plus d’autres cas en cours, connus de la presse, ce qui porte à huit le nombre d’évêques mis en cause pour abus sexuels, et trois pour non-dénonciation. Un tel nombre d’affaires ne peut pas être négligé et la responsabilité du Vatican est inévitablement évoquée. Si le pape actuel semble favorable à faire un grand ménage et à isoler les brebis galeuses du troupeau, la Curie vaticane, traditionaliste, privilégie toujours le secret pour préserver la réputation de l’église, mise à mal ces temps derniers.