Qui ne dit mot

Ne consent pas toujours. L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, n’a toujours pas reconnu sa défaite plus de 24 heures après l’annonce des résultats de l’élection, et n’a fait aucune déclaration ni apparition publique depuis. En revanche, certains de ses partisans, notamment les camionneurs, ont fait savoir, en bloquant la circulation, qu’ils n’accepteraient pas le verdict des urnes et accusent le camp de Lula d’avoir « volé l’élection » en truquant le système informatique des machines à voter, qui ont pourtant fait leurs preuves dans le pays. Cette contestation des résultats n’est pas vraiment une surprise.

Le candidat Bolsonaro avait annoncé qu’il ne pourrait être battu que par une fraude électorale massive et il a tenté par tous les moyens, y compris et surtout la diffamation et le mensonge, de disqualifier son adversaire, Lula. Il semble s’inspirer ouvertement de son modèle, Donald Trump, qui a réussi à ne jamais reconnaître formellement sa défaite, se contentant de déclarer très tardivement « qu’il n’avait pas gagné » et que le résultat était très « injuste », voire « choquant ». Et l’on se souvient qu’entre temps, Trump avait suscité une tentative de coup d’État en encourageant ses partisans à attaquer le Capitole. Ce scénario peut-il se répéter au Brésil ? Le nouveau président a tout fait pour essayer d’apaiser les esprits en prononçant un discours rassembleur prônant la réconciliation nationale, mais le pays est profondément divisé. Et surtout, la confiance envers les deux candidats finalistes de l’élection présidentielle est limitée. Bolsonaro pour sa politique de droite dure pendant son mandat, et Lula pour les soupçons de corruption, bien que la justice l’ait finalement blanchi de toute accusation.

Ces deux blocs sont numériquement très proches, et la victoire de Lula s’est jouée à deux millions de suffrages près sur un corps électoral de plus de 150 millions d’inscrits. Et surtout, la gauche est devancée largement au Congrès par la droite et le centre. Il faudra donc au nouveau président déployer tous ses talents de négociateur pour faire passer une politique plus ouverte socialement, plus démocratique et plus rigoureuse contre les intérêts qui ont mis l’Amazonie en coupe réglée au détriment des populations brésiliennes et de la planète tout entière. Bien que serré, le résultat de la présidentielle brésilienne est un véritable soulagement pour tous les pays qui misent sur la pérennisation et la reforestation de la forêt amazonienne. Parmi eux, la Norvège, qui a annoncé sans attendre son intention de reprendre sa participation financière au Fonds de préservation de la forêt amazonienne, qui a été gelée sous le mandat de Bolsonaro, responsable d’une aggravation de 70 % de la déforestation. À la veille d’une 27e édition de la COP, qui commencera à Charm el-Cheikh dimanche prochain, l’élection de Lula pourrait être, enfin, une bonne nouvelle pour notre avenir commun.