Les mains vertes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 15 mai 2022 10:10
- Écrit par L'invitée du dimanche
Je les ai eues longtemps, tant que je pouvais encore cultiver mon potager, et j’en ai gardé l’empreinte comme de nombreux jardiniers, jeunes et moins jeunes, qui de plus en plus aiment se consacrer à cette rencontre avec la terre.
J’en veux pour preuve la multiplication de ce qu’on appelle les jardins partagés, jardins d’ouvriers, jardins familiaux, dont l’origine remonte à la création en 1896 en Flandre française d’un jardin ouvrier ayant pour objectif d’améliorer par sa production la condition ouvrière !
Quel que soit leur nom, ils sont tous gérés par des associations loi 1901. Conseillés et réglementés par le Conseil national des jardins collectifs et familiaux (CNJCF). Confinement, augmentation du coût de la vie, prise de conscience de la dégradation de l’environnement, recherche d’une bonne alimentation, l’intérêt pour le bio, peuvent être autant de motivations pour allonger la liste d’attente des demandes en mairie pour l’obtention d’une parcelle auprès des 600 communes urbaines, parties prenantes dans la création de ces jardins. En Île-de-France, l’attente est de deux ans, à Nantes, de trois ans.
Le plaisir de produire soi-même, le contact avec la nature, le lien social créé avec les autres adhérents, d’origines géographiques et culturelles diversifiées, les échanges, le partage (aucun produit n’est revendu) et l’économie non négligeable puisqu’un jardin de 150 m² peut rapporter 1500 € par an tout frais déduits (la cotisation va de 10 à 50 € par an). Un jardinier déclare que son potager c’est son 13e mois ! En Île-de-France, on évalue les surfaces consacrées au jardin familial collectif égales à celle des maraîchages professionnels, les jardins familiaux entrent dans l’agriculture urbaine.
Avec 100 m² de jardin, pour quatre personnes, en y consacrant une à deux heures par jour, on peut récolter, 30 poireaux, 9 laitues, 10 kg de courgettes, 8 kg de tomates, 2 kilos de haricots verts, de 2 à 5 kg de pommes de terre, cela paraît énorme, mais c’est réalisable, je l’ai expérimenté il y a plus de 30 ans, et bien avant encore, car dans mon enfance le potager de mon père nourrissait largement toute la famille de 6 personnes, je n’ai pas souvenir d’avoir mangé d’autres légumes que ceux qu’il avait cultivés ! Et même si ma participation et celle de mes sœurs se limitaient à arracher les mauvaises herbes de ses plates-bandes, je lui dois sans doute mon amour et mon besoin de mettre les mains dans la terre !
On insiste de plus en plus sur les aspects bénéfiques pour les seniors de pratiquer le jardinage, pour stimuler les capacités cognitives, la mémoire appuyée sur l’odorat, le toucher, le goût, c’est une occasion d’ouverture sur l’extérieur, cela redonne un regain d’énergie, sans compter la stimulation de l’activité motrice, une heure de jardinage vaut 5 km de marche ! Les bénéfices sont tels que l’on développe des jardins thérapeutiques au sein de structures médicales, et dans certaines EHPAD !
J’espère avoir convaincu les récalcitrants de l’intérêt, même pour un simple jardin d’aromates dans une jardinière sur son balcon, ou pour l’épanouissement de quelques géraniums, de se confronter à la mise en œuvre de leurs mains vertes !
L’invitée du dimanche