Du sapin au marronnier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 2 janvier 2022 10:01
- Écrit par L'invitée du dimanche
Le « roi des forêts » qui depuis le Moyen Âge dans les traditions païennes ou chrétiennes, figurait dans les maisons comme symbole de l’arbre du paradis, ou de renaissance en hiver, importé nous dit-on des pays de l’Est par les Alsaciens fuyant l’annexion prussienne après la guerre de 1870, était déjà prisé par Marie Leszczynska à Versailles en 1738.
De nos jours, la tradition le met à l’honneur le jour de Noël, décoré, enguirlandé, pour le plaisir des enfants… et le souci des grands devant ramasser ses épines !
On en vend 5 millions 800 mille par an, face à une telle demande on le produit exprès pour ce grand jour dans le Morvan, la Corrèze, le Limousin, les Ardennes, le Jura ! Sa culture est la source d’une économie locale importante, et il devrait être préféré à son frère en plastique (venu de Chine) qui demande 20 ans avant d’avoir moins d’impact sur l’environnement que l’arbre naturel !
Les plus grandes capitales mondiales se parent de cet arbre à Noël dans les places les plus prestigieuses, Trafalgar Square, Rockefeller Center, à l’Élysée (à Moscou, c’est l’arbre du Nouvel An)
Pour faire face aux déchets qu’il génère, la plupart des municipalités organisent des lieux de collecte, pour les envoyer vers des broyeuses qui les réduisent en compost qui servira à protéger les espaces verts, ou encore à piéger le sable pour protéger les dunes de l’érosion.
Et qu’en est-il du marronnier ? On sait qu’en journalisme on désigne ainsi un court article qui évoque un sujet qui revient chaque année, comme la rentrée et la neige sur les routes, les embouteillages… L’histoire dit qu’un marronnier rose planté aux Tuileries, sur la tombe des gardes suisses tués lors de l’invasion du palais en 1792, fleurissait systématiquement le premier jour du printemps, et faisait alors l’article de tous les journaux ! Une vision un peu réductrice, au point que je veux lui redonner ses lettres de noblesse.
Introduit en Europe en 1581 par le directeur des jardins impériaux de Vienne, le premier arrivera en France dans un jardin particulier dans un hôtel du Marais, puis un second dans les jardins du roi à Paris. Devant cet arbre ornemental qui peut atteindre 30 m de hauteur et qui chaque printemps se garnit de fleurs blanches ou roses en forme de thyrse, puis de capsules enfermées dans des bogues libérant le marron, un véritable engouement le fait planter par des propriétaires de parcs… Louis XIV ordonne des alignements de marronniers, aux Tuileries et à Versailles bien sûr.
Il a sa place auprès des enfants, donnant une ombre généreuse, et sa haute taille le rendant inaccessible à l’escalade, le marronnier agrémente un grand nombre de cours d’école ! L’imagination sait très bien utiliser les graines, quelques allumettes et l’on fabrique une vache, un bonhomme… mais là où il est le plus utile, c’est dans la pharmacopée, du marron on extrait anti-inflammatoire, vasoconstricteur, anti œdémateux, glucoside, pour des crèmes solaires…
Victime hélas de la pollution urbaine, exposé au stress de la modification du climat, il est devenu fragile, envahi par un papillon ravageur, des champignons, des cochenilles, il redevient ce qu’il était à son origine, un arbre rare, donc précieux, plus précieux que nos sapins qui pourront continuer à décorer nos salons !
Je sacrifie à l’usage avec le « marronnier » de décembre, bonne année à tous !!!
L’invitée du dimanche