Fiasco
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 23 juin 2021 11:10
- Écrit par Claude Séné
En toute logique, c’est le terme que devrait employer le président de la République pour qualifier le résultat des élections départementales et régionales de dimanche dernier. Un échec cuisant des listes de sa majorité, qui souvent ne franchissent même pas la barre des 10 % des suffrages exprimés qui permet de se maintenir au second tour et de négocier éventuellement un accord avec la droite d’où provient le plus gros de ses bataillons. Le recul du Rassemblement national prive même le président du rôle de faiseur de rois à défaut de pouvoir l’emporter lui-même.
Manque de soutien populaire, donc, pour le parti présidentiel, qui compte plus de généraux que de simples soldats, telle une armée mexicaine. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, reconnait que « ça prend du temps de s’implanter sur le territoire ». En effet. Pas moins de cinq ministres d’un gouvernement hors-sol ont été éliminés dès le premier tour dans les Hauts-de-France, laissant piteusement le champ libre à Xavier Bertrand qui n’en espérait pas tant, et le renforçant dans la perspective des présidentielles. Mention spéciale à Gérald Darmanin, candidat battu aux régionales et doublement contesté comme ministre de l’Intérieur. Sa ministre déléguée à la citoyenneté, la fine mouche Marlène Schiappa, a en effet « observé que beaucoup de gens ne savaient pas qu’il y avait des élections ». Ça ne serait pas un petit peu son job et celui de son ministre de tutelle, Gérald Darmanin ? C’est lui qui a confié à une entreprise privée la distribution d’une partie des professions de foi des candidats, dont certaines ne sont jamais arrivées dans les boîtes aux lettres, contrairement à celles distribuées par la poste. Cela n’explique pas tout le phénomène de l’abstention massive, mais y contribue. De même que l’absence de spots et d’affichage en faveur du vote démontre le peu d’intérêt du chef de l’état pour des élections dont il escomptait peu de résultats, mais quand même pas une telle Bérézina.
Enfin, c’est ce qu’on suppose, car Emmanuel Macron s’est soigneusement abstenu, lui aussi, de toute réaction qui pourrait laisser penser qu’il est en quoi que ce soit affecté par un revers électoral aussi important. Au contraire, au moment où les forces de police et de gendarmerie avaient pour consigne de disperser les participants à une fête de la musique réduite à peau de chagrin, et néanmoins investie par une population prête à « faire la fête » contre vents et marées, le président s’affichait en maître de cérémonie branché, animant une soirée privée, aux invités triés sur le volet, comme si, en nouveau capitaine d’un Titanic moderne, il ordonnait à l’orchestre de jouer jusqu’au naufrage final. On m’objectera que le président ne peut pas donner un avis entre les deux tours d’une élection, mais je prends les paris pour la semaine prochaine : il m’étonnerait beaucoup qu’Emmanuel Macron tire publiquement les leçons de cet échec massif.
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