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Le vote jeune
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 mai 2021 10:44
- Écrit par Claude Séné
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Depuis que la majorité légale a été portée de 21 ans à 18 ans sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, le droit de vote a suivi mécaniquement, et le vote des jeunes est devenu un enjeu électoral de premier plan. La question principale n’est d’ailleurs pas tant de savoir pour qui votent les 18-24 ans ou les 25-34 ans, mais de persuader ces tranches d’âge de leur intérêt à se prêter à l’exercice. À tort ou à raison, tous ceux qui briguent les suffrages de leurs contemporains sont persuadés d’incarner la modernité et donc de pouvoir attirer les jeunes.
Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle et il a, semble-t-il, décidé de mettre toutes les chances de son côté, quoi qu’il en coûte. Les services de l’état dont il dispose ont sélectionné pour lui deux influenceurs jouissant d’une certaine notoriété sur You Tube, apparemment, et dont j’ignorais jusqu’à l’existence, mais je ne suis évidemment pas le cœur de cible, bien que je me rende aux urnes très régulièrement. Le but du jeu, c’est de « segmenter » le marché en s’adressant successivement à différentes catégories sociales. Alors, allons-y pour le jeunisme dans une séquence plutôt longue comprenant des épisodes mûrement réfléchis. Avec ses deux compères, Mc Fly et Carlito, le président soigne sa « coolitude ». Il adopte les codes de communication de la jeunesse au risque de se faire critiquer dans son propre camp, mais il n’en a cure. Il procède avec les générations comme avec les classes sociales. Il considère que ses partisans étant déjà convaincus, c’est à l’extérieur de son électorat qu’il peut espérer recruter de nouveaux zélotes, en débauchant des personnalités de l’autre bord. La manœuvre est classique, mais trouve rapidement ses limites.
Pour s’attirer les bonnes grâces des jeunes, le président a sorti la calculette et dégainé les espèces sonnantes et trébuchantes. Le pass culture de 500 euros, dont 300 euros disponibles immédiatement à partir de 18 ans devrait être apprécié, même s’il souffre de ne pas réduire les inégalités sociales. Emmanuel Macron envisagerait également de créer une aide de 500 euros par mois en faveur des jeunes de moins de 25 ans pour leur permettre de trouver un emploi ou une formation. Il s’agirait de couper l’herbe sous le pied de l’opposition de gauche qui demande l’ouverture des droits au RSA dès 18 ans. N’oublions pas non plus le dispositif « un jeune, une solution » et le développement de l’apprentissage destinés à bichonner les futurs électeurs. Cela me rappelle furieusement les pratiques d’un certain Serge Dassault qui distribuait les billets de 500 euros comme autant de tracts électoraux pour s’assurer des réélections triomphales à Corbeil-Essonnes. Je doute que les jeunes dont Macron convoite les suffrages soient prêts à se laisser acheter, abandonnant leur liberté d’opinion pour une anecdote plus ou moins bien ficelée, une petite blague ou une grosse vanne.
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