Le sens de la fête
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 31 mars 2021 11:01
- Écrit par Claude Séné
« Il fait beau, on en a ras-le-bol du confinement, on ne supporte plus la vie dans les petits appartements ». C’est la seule justification trouvée par un participant à une fête « sauvage » rassemblant environ 400 personnes, en majorité des étudiants, à Lille, hier. Les images diffusées à la télévision ne laissent aucun doute sur la densité et la promiscuité des fêtards, dépourvus de masques pour la plupart. Même ambiance sur les quais de Saône à Lyon pour les 300 personnes réunies pour danser et boire.
Ces fêtes font suite à des carnavals improvisés et illégaux tels que ceux de Marseille ou de Sète, qui ont rassemblé des foules alors que la règle en vigueur est de limiter les groupes à 6 personnes, et ont violé délibérément le couvre-feu à partir de 19 heures et l’interdiction des boissons alcoolisées sur la voie publique. On peut discuter du bien-fondé des décisions prises par l’exécutif, mais dans l’état actuel des choses, elles doivent s’imposer à tous, si nous voulons garder une chance d’en finir enfin avec l’épidémie. Car le raisonnement tenu par les fêtards n’est pas de contester la politique suivie par le gouvernement, mais de se faire plaisir quels que soient les risques encourus par eux-mêmes et ceux qu’ils font prendre aux autres. La jeunesse a toujours été une période de la vie où l’on se croit invulnérable, et où l’on aime à prendre des risques. Il est du devoir d’une société de tout faire pour éviter que ces comportements ne trouvent une issue fatale. Si des jeunes adoptent des conduites suicidaires, il est nécessaire de les en dissuader, dans leur propre intérêt.
Ici, les risques sont malheureusement partagés, et la solidarité entre les générations est forcée. Nous ne viendrons pas à bout de ce fléau si la majeure partie de la population de se mobilise pas. Ce qui a d’ailleurs été largement le cas jusqu’ici. Il ne s’agit pas d’opposer les catégories d’âge les unes aux autres, comme on l’entend trop souvent, en rejetant la faute sur les jeunes ou sur les vieux. Leurs besoins et leurs aspirations sont clairement différents, mais leur intérêt est commun. C’est ce que devrait mettre en avant le président quand il s’adressera aux Français ce soir, quelles que soient les mesures qu’il va annoncer, et même s’il n’y en a pas de nouvelles. Il a malheureusement grandement écorné son crédit et sa parole est assez largement sujette à caution, à cause de ses erreurs passées, bien qu’il s’obstine en n’en reconnaitre aucune. Nous aurions pourtant grand besoin d’un dirigeant dont la légitimité serait reconnue et incontestable, dans cette période troublée. On touche là les limites du flou qui préside à nos destinées, avec un « en même temps » paralysant.