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À fleur de peau
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 29 mars 2021 11:02
- Écrit par Claude Séné
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Il faut quand même le faire. Ce sont les victimes de racisme, ou ceux qui les défendent, qui se retrouvent accusés de discrimination et d’incitation à la haine raciale, par ceux-là mêmes qui en ont fait leur fonds de commerce depuis toujours. Petit rappel des faits pour ceux qui auraient manqué le début. Le syndicat étudiant, UNEF, est l’objet d’une polémique, en raison de la tenue de réunions internes non mixtes, réservées aux personnes discriminées. Une pratique discutable si elle était généralisée, mais peut-être indispensable pour favoriser l’expression personnelle des victimes.
Ces incidents m’ont rappelé le début des années 70, quand le Mouvement de libération des femmes, le MLF, demandait gentiment aux sympathisants hommes de se tenir en retrait et de laisser les intéressées s’exprimer, sans se substituer à leur combat. J’avoue en avoir parfois été frustré, et je continue à penser que cette stratégie peut avoir des aspects contre-productifs. Mais c’est leur affaire, et je reconnais qu’il peut être difficile de s’exprimer dans un contexte qui ne serait pas totalement bienveillant. C’est donc un mal nécessaire dans certains cas de passer par une phase de regroupement dans une sorte d’entre soi de personnes vivant les mêmes situations. Malheureusement, cela sert de prétexte pour attaquer les victimes et leurs défenseurs en les taxant des maux qui les ont frappés. La droite et l’extrême droite brandissent alors leur thème favori : le racisme « anti-blanc » dont serait victime la majeure partie de la population française, avec son corollaire de déclassement et de grand remplacement. Le pouvoir en place apporte sa pierre à l’édifice en invoquant un concept plus que contestable, celui de l’islamogauchisme dont le corps enseignant serait gangrené.
L’amalgame atteint un point culminant quand des politiques réclament la dissolution de l’UNEF, assimilée aux groupuscules activistes fascisants qui défient ouvertement la République. Le Rassemblement national, mais aussi Les Républicains et dans une moindre mesure la REM, se sont rués sur Audrey Pulvar comme la misère sur le bas-clergé breton, parce qu’elle suggérait que les blancs assistant à des réunions sur les discriminations infligées aux noirs, gardent le silence. Comme si cette concession minuscule éclipsait totalement les siècles d’oppression, de colonisation, et la situation actuelle de société à deux vitesses, où la couleur de peau, le sexe, l’origine géographique, le lieu de résidence, etc. déterminent largement les chances de réussite sociale. Audrey Pulvar a sans doute eu le tort à leurs yeux de ne pas se payer de mots en gardant un silence prudent sur des modalités de réunions internes à une organisation syndicale. Elle a accepté de s’exposer en donnant son avis, s’attirant la critique facile de Valérie Pécresse, sa future adversaire aux élections régionales, dont le féminisme le plus exacerbé se résume à une formule ambigüe : « quoi de mieux qu’une femme pour faire le ménage ! »