Champions du monde !

Coluche le disait déjà. En France, on a les hommes politiques français les plus balèzes du monde. Du monde ! C’est pour ça qu’on ne fait rien comme tout le monde, et qu’on est donc les meilleurs. Prenons, par exemple, les fameuses attestations dérogatoires de sortie pendant le confinement qui n’est pas un confinement. On est pratiquement les seuls, avec l’Italie, à contribuer massivement à la déforestation en demandant à chaque citoyen d’imprimer des montagnes de feuilles de papier pour aller faire ses courses ou faire pisser Mirza. Même en Azerbaïdjan, c’est plus moderne avec un système de SMS.

Cette fois-ci, l’administration s’est surpassée en multipliant par deux les formalités qui s’étalent désormais sur deux pages au lieu d’une. C’est devenu si compliqué que même les gouvernants s’en sont rendu compte et ont « simplifié » le système à tel point que plus personne n’y comprend désormais plus rien. La stratégie gouvernementale est totalement illisible et contradictoire. On annonce en même temps la fermeture des commerces non essentiels, qui avaient suscité tellement de polémiques, en modifiant leur définition, et l’encouragement à prendre l’air en retardant l’heure du couvre-feu et en assouplissant certaines règles. Une vache n’y retrouverait pas ses petits, et les Français, qui avaient soutenu le premier confinement à 93 %, le second à 67 %, ne sont plus qu’une minorité de 45 % à l’approuver. Et on les comprend. Outre la lassitude générale des mesures de restriction, le doute s’est instillé sur l’efficacité du dispositif. Nous sommes presque les seuls à avoir conservé les écoles ouvertes, ce qui est réputé amoindrir l’effet du confinement quand il existe, mais c’est visiblement parce que nous savons mieux que personne ce qui est bon, et que nous aurons toujours raison, quoi que nous décidions.

Autant d’incohérence dans la politique vaccinale que le gouvernement entend promouvoir tout en sabordant un des vaccins disponibles au point de susciter un réflexe de rejet contre l’Astra Zeneca, et par ricochet une défiance accrue des sceptiques pour l’ensemble du dispositif. Au lieu de nous lamenter sur le lait renversé jusqu’à maintenant, avec le fiasco de la recherche française, victime d’un étranglement des crédits depuis des décennies, il serait grand temps de se tourner vers les brevets existants et de fabriquer dans nos laboratoires les vaccins qui nous manquent si cruellement, « quoi qu’il en coûte », sans leur demander au préalable un certificat de nationalité française. Pendant un temps, nous demandions que des disciplines franco-françaises, telles que la pétanque, ou pourquoi pas la belote coinchée, soient retenues comme épreuves olympiques, pour accroître nos chances de médailles. D’ores et déjà, je peux vous annoncer que s’il existait un championnat du monde de bureaucratie, nous remporterions haut la main la compétition.