Ça va être long

Ça va être très long ! Oui, le Covid aussi, mais ça, on le sait et on l’éprouve depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est la campagne présidentielle qui s’est invitée dans l’actualité avec ses grandes et ses petites manœuvres, alors qu’il reste encore 14 mois à patienter avant le premier tour en avril 2022. Et si l’on ne connait pas encore le casting, le scénario est largement prévisible, et les Français redoutent un remake du film de 2017. La sécurité, ou la menace d’insécurité sera au centre de la campagne, comme il est d’usage, ce qui fait craindre le pire.

Les incidents graves qui se sont déroulés dans le quartier de la Duchère à Lyon en sont une illustration. Un adolescent de 13 ans, roulant sans casque en scooter, et participant peut-être à ce qu’il est convenu d’appeler un rodéo urbain, a été victime d’une chute et a dû être transporté à l’hôpital dans un état grave. Il est toujours actuellement maintenu en coma artificiel. Selon la famille, il aurait perdu le contrôle de son scooter pendant une course poursuite avec une voiture banalisée de la police, ce que démentent formellement la préfecture et la mairie de Lyon. Cette rumeur a toutefois provoqué la colère d’habitants du quartier et des représailles sous forme de feux de poubelles, d’abribus, de motos et de voitures. La situation menaçant de tourner à l’émeute, une douzaine de personnes a été interpelée et le quartier a été quadrillé par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, avant un retour au calme. Ces incidents ont été l’occasion d’une surenchère dans les déclarations, une sorte de course à l’échalote pour capter l’électorat un peu âgé et très conservateur que se disputent la majorité et le Rassemblement national.

Gérald Darmanin tient son discours martial de fier-à-bras depuis de longs mois, et il a reçu le soutien du Premier ministre, qui a déclaré à Beauvais que « rien ne restera impuni et que la loi républicaine aura toujours le dernier mot ». Une bonne préparation à la campagne qui se déroulera sans doute sur le thème attendu du : « moins laxiste que moi, tu meurs ». On n’en a pas fini d’admirer les biceps des politiques, culturistes d’un jour, qui se révèlent souvent n’être que de la « gonflette », mais qui font illusion sur le moment. L’argument de l’insécurité est toutefois à double tranchant. Il démontre par l’absurde que le pouvoir est faible, contrairement à ce qu’il veut faire croire. Tout en démentant la présence policière à la Duchère, le pouvoir va diligenter une enquête de l’IGPN pour en être sûr. Malheureusement, le public a assimilé depuis longtemps que les loups ne se mangent pas entre eux et n’ont aucune confiance dans les investigations menées par l’institution sur ses propres membres.