Tour de passe-passe

Alors même que seuls 4,2 % des Européens ont pu bénéficier d’au moins une première injection d’un des vaccins autorisés par les autorités nationales et européennes, la question d’un passeport vaccinal refait son apparition dans le débat, notamment en France. À l’évidence, et dans l’état actuel du rythme de vaccination, subordonner les voyages et l’accès à certaines activités culturelles ou sportives à la production d’un certificat de vaccination, comme le demande la Grèce par exemple, serait une rupture flagrante de l’égalité entre les citoyens.

C’est pour moi le prototype de la fausse bonne idée. On peut comprendre qu’un pays, qui, par hypothèse, aurait réussi à éradiquer totalement le virus de son territoire, au hasard, la Nouvelle-Zélande, et qui, de surcroît, étant insulaire, pourrait contrôler ses frontières à 100 %, se protège en imposant une quarantaine stricte et la production d’un résultat négatif à un test covid. Dans ce cas précis, et dans la perspective d’une disparition progressive du fléau sur l’ensemble de la planète, pourquoi pas. On prend bien ce genre de mesures contre la fièvre jaune, par exemple. Toutefois, le président Macron, conscient de la foule de difficultés à surmonter pour appliquer une politique aussi stricte, pour une efficacité qui serait fonction du maillon le plus faible de la chaîne, a prudemment fait marche arrière et proposé aux partenaires européens de transformer le passeport vaccinal en « pass sanitaire ».

« Vous la voyez la dame de pique ? Elle est sous le gobelet du milieu. Je mélange. Elle est toujours là ? Allez-y, faites vos jeux… Ah ! dommage, c’est encore perdu. Mais vous pouvez vous refaire en 2022 pour les élections présidentielles. » À ce jeu de bonneteau, d’aucuns diront d’enfumage, le locataire de l’Élysée est passé maître. Promis, juré, le pass sanitaire ne se limitera pas à certifier la vaccination, il pourra recevoir toutes sortes de renseignements de santé, vos attestations, vos tests, voire vos documents de voyage… si l’on comprend bien, ce serait comme l’application « tous anti-covid » qui n’a pas trop bien accroché dans le public. Quid de la fracture numérique ? Imagine-t-on des personnes peu tournées vers les technologies modernes, se servir d’un smartphone, à supposer qu’on leur en fournisse un, pour leur vie quotidienne ? Et ce n’est pas particulièrement rassurant, au moment où l’on apprend que des fichiers contenant des données confidentielles sur des clients d’un laboratoire médical ont été piratés et se retrouvent en libre accès sur Internet, de penser que nos informations personnelles pourront être stockées dans nos téléphones. Je préfèrerais de beaucoup que la pandémie soit jugulée pour que tous les citoyens puissent retrouver le plus vite possible leurs activités, sans créer de discriminations et de nouveaux privilèges pour les plus favorisés d’entre eux.

Commentaires  

#1 jacotte 86 27-02-2021 10:44
la bêtise n'a pas de limite et ma colère non plus!
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