Dunkerque
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 25 février 2021 10:48
- Écrit par Claude Séné
Je ne suis jamais allé à Dunkerque, et quelque chose me dit que je ne suis pas près de réparer cette omission de sitôt, si j’en juge par la situation sanitaire particulière, due à la flambée de l’épidémie du Covid 19. La ville semble payer aujourd’hui sa proximité avec l’Angleterre et la diffusion d’un variant du coronavirus né au Royaume-Uni, ce qui est paradoxal au moment précis où le Brexit rentre dans les faits. J’avoue que je n’ai pas un tropisme manifeste pour le nord de la France, et j’ai probablement tort.
De Dunkerque, je n’avais longtemps gardé que l’image du carnaval, et même du Karnaval comme dans le film du même nom. Un folklore bon enfant, où les masques n’avaient pour fonction que le déguisement, et où les carnavaleux suivaient le défilé des cliques, lançaient des confettis en déambulant en bande, comme toutes les jeunesses du monde. Une ville où « la Belgique locale envoyait son ambiance musicale de flonflons à la française », et où le maire lançait les festivités depuis le balcon de l’hôtel de ville en lançant des harengs à la foule joyeuse. C’est peut-être cet esprit festif qui a précipité la diffusion du virus. Difficile dans un tel contexte de respecter les distances de sécurité, quand le principe même de la fête est de se réunir en grand nombre, pour former des lignes, organiser des chahuts, partager nourriture et boissons dans les « chapelles », danser dans les bals populaires. Les autorités locales ont longtemps espéré échapper à des mesures de restrictions des libertés individuelles, mais ont dû se résoudre à les accepter, à l’instar de Nice et sa région. Le président Macron a changé son fusil d’épaule, et a pris des mesures localisées pour éviter un confinement général tant que faire se peut. Plus que jamais, les Français ont le sentiment justifié que le gouvernement réagit au jour le jour, comme le type qui s’est jeté du 25e étage et qui se répète : « pour le moment, ça va » en croisant les doigts.
La limite de l’exercice, c’est la concentration de population en Ile-de-France. Si la cote d’alerte des contaminations y est dépassée, il sera difficile de contenir l’épidémie dans cette région qui compte 12 millions d’habitants à elle seule. Notre meilleure chance d’endiguer la maladie aurait été la vaccination massive d’au moins la moitié de la population dans un délai très court, mais pour des raisons nationales et internationales, nous ne sommes pas en mesure de le réaliser aussi rapidement qu’il aurait été souhaitable. À Dunkerque notamment, nous sommes dans une situation comparable à celle des armées alliées en mai 1940, coincées dans une poche par l’avancée de l’envahisseur nazi. Mais cette fois, impossible de faire appel à toutes les embarcations de fortune pour rapatrier les soldats. Il faut faire avec les moyens du bord, et ils sont très insuffisants.
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