Terre brûlée

Le président battu Donald Trump, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite, a franchi un nouveau pas dans l’illégalité en incitant les manifestants les plus radicaux à tenter un coup de force en s’emparant du symbole de la démocratie américaine, le Capitole de Washington. Ils y sont parvenus brièvement en raison d’une inexplicable défaillance du système de sécurité, submergé par le nombre, avant que la garde nationale ne parvienne à rétablir l’exercice normal de la démocratie et fasse respecter un couvre-feu décidé par la maire de la ville.

Donald Trump aura décidément tout essayé pour tenter de voler cette élection, qu’il a bel et bien perdue, jusqu’à demander à un responsable républicain de trafiquer les votes en Géorgie pour inverser les résultats en sa faveur en le menaçant de poursuites judiciaires. Il a joué sa dernière carte en appelant ses partisans à venir manifester dans la capitale fédérale. Il ne pouvait pas ignorer les risques de troubles majeurs que cela impliquait, et il les a probablement encouragés en sous-main. Il a attendu le dernier moment pour appeler à la dispersion en demandant mollement à ses troupes de rentrer chez elles, tout en les remerciant de leur présence. Concrètement, il ne s’agit que d’un baroud d’honneur. Le Congrès a repris ses travaux et va confirmer l’élection de Joe Biden, mais les dégâts sur la démocratie américaine sont terribles.

Le reste de confiance dans les institutions est miné par les mensonges incessants du président sortant. Une plaisanterie classique consiste à demander aux enfants le contraire du progrès, et ils y répondent en chœur que c’est le congrès. Donald Trump, en bon populiste, a dès le début joué le peuple contre les élites, surtout la presse, accusée de diffuser des fausses nouvelles. C’est pourtant lui qui a constamment fabriqué une « réalité alternative » pour tenter de se mettre en valeur. Sa stratégie n’a rien de compliqué : se vanter et calomnier les autres. Malheureusement, auprès d’une population conditionnée au suprématisme blanc et qui subit un fort sentiment de déclassement, ça marche. Les pro Trump interviewés devant le Capitole récitaient le bréviaire qu’on leur serine depuis des années sur la terreur exercée par les « socialistes » et les « antifas ». Ce sont des moutons de Panurge qui suivent aveuglément leur chef, mais des moutons enragés, qui promettent de revenir avec des armes la prochaine fois. Il y a là un Rubicon que beaucoup d’élus républicains, à commencer par le vice-président Mike Pence, ne sont pas près de franchir. Après avoir divisé l’Amérique, Donald Trump semble avoir réussi à fracturer le parti républicain, qui aura du mal à s’en remettre. Il laissera derrière lui un champ de ruines et aura fait malgré lui un dernier cadeau à son rival en servant de repoussoir en Géorgie pour faire élire les deux sénateurs démocrates qui donneront les coudées franches à Joe Biden.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-01-2021 11:31
quand va t-on l'enfermer?
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