Huit de pointe avec barreur

La stratégie de communication du président Macron ressemble de plus en plus à une compétition d’aviron. À chaque fois qu’il prend la parole, il semble prendre de court les membres de son propre camp, obligés de sortir les rames en toute hâte pour expliquer la pensée présidentielle, comme s’ils la connaissaient de toute éternité et n’en étaient pas surpris le moins du monde. La tonalité générale n’est pas difficile à suivre : ce qui est dit est bien dit, et ce qui est fait est bien fait.

Dans le rôle du docteur Tant mieux, on retrouve souvent Sylvain Maillard, député de la République en Marche de Paris, peut-être parce qu’il n’a pas beaucoup de distance à parcourir pour se rendre dans les studios de télévision. Il doit faire partie des huit rameurs, prêts à dégainer les dames de nage au moindre mot prononcé par leur chef, le barreur, qui, soit dit en passant, est choisi le plus souvent, comme les jockeys, pour sa légèreté. Et cette fois-ci, il y avait du travail. Le président des djeuns avait décidé de mettre le paquet sur le nouveau média branché, le bien nommé « Brut » pour délivrer son message. Ce président ne sait pas faire court, et il a répondu aux questions pendant plus de deux heures. Au point d’être obligé, par moments, de dire quelque chose, alors que manifestement il ne le souhaitait pas. Il concèdera ainsi, du bout des lèvres que le terme de « violences policières » existait bel et bien, en contradiction flagrante avec son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui refuse toujours de reconnaître l’évidence.

Pour ma part, j’ai relevé surtout une petite phrase, préméditée ou non, par laquelle Emmanuel Macron a paru ouvrir un parapluie concernant la prescription des vaccins contre le Covid. Il a redit que celui-ci ne serait pas obligatoire, parce qu’on ne sait pas tout de la maladie, et qu’on ne sait pas tout de ces vaccins. Si c’est sa façon de rassurer des Français déjà sceptiques sur les vaccins en général sur l’innocuité de ce vaccin en particulier, on peut d’ores et déjà recruter un équipage de remplacement et troquer le bateau de course contre une galère, plus adaptée à la situation. À la décharge du président, la communauté scientifique est loin d’être unanime et les résultats des premières études ne sont pas encore disponibles au public, laissant le champ libre à toutes les spéculations et ouvrant la voie au scepticisme et au soupçon d’une précipitation uniquement due à des considérations mercantiles. Si seuls 50 % des Français se déclaraient être prêts à se faire vacciner auparavant, la proportion pourrait bien chuter encore après l’annonce présidentielle. Ce qui ne les empêchera pas de râler si les doses n’arrivent pas assez vite en cas de retournement de tendance.