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Valeurs actuelles
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 1 septembre 2020 10:42
- Écrit par Claude Séné
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À l’origine, les valeurs dont ce journal voulait traiter étaient clairement identifiées. Il s’agissait de suivre et d’analyser les cours de la Bourse. Il succédait à un autre titre, dont le nom était tout aussi évocateur, l’hebdomadaire Finance. Il faut croire que le seul contenu boursier et financier ne suffit pas à faire vendre un journal, et des rubriques culturelles et gastronomiques n’ont pas tardé à agrémenter les colonnes du journal, ainsi que des éditoriaux clairement orientés à l’extrême droite. Jusque-là, rien à redire, tous les goûts sont dans la nature.
L’affaire se corse dans la période récente avec des plaintes visant le journal pour ses prises de position douteuses. Tripatouillage d’un faux sondage visant à favoriser Nicolas Sarkozy dans sa désignation comme président de l’UMP, attaque en règle contre George Soros sur fond d’antisémitisme, puis condamnations pour provocation à la haine raciale. C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier le dernier dérapage en date du journal quand il publie un pseudo reportage sur Danièle Obono, députée de la France insoumise, représentée en esclave noire enchaînée victime de la traite négrière au 18e siècle. La publication provoque un tollé dans la classe politique, y compris jusqu’au Premier ministre et au Président de la République, qui condamnent fermement cet article, présenté comme une œuvre de fiction. Le directeur de la publication a plaidé la sincérité en prétendant dénoncer le racisme alors qu’il le met sciemment en scène en feignant de le condamner. Il présente cependant des excuses, contradictoires avec sa prétendue bonne foi.
Le journal, condamné par la presque unanimité politique, est cependant défendu par Éric Zemmour, dont le soutien vaut pilori tant le personnage est odieux. Il reprend l’argumentaire du journal qui prétend que la traite était une affaire d’Africains et d’Arabes entre eux, dans laquelle les pays colonialistes n’ont joué qu’un rôle mineur. Une position qui illustre bien le glissement sémantique du mot valeurs, qui s’applique aussi bien aux espèces sonnantes et trébuchantes, dont la conservation est devenue l’alpha et l’oméga de la « pensée » de certains pseudo-intellectuels, qu’à des propriétés et des caractéristiques morales recherchées. Il est bien triste de constater que les valeurs marchandes ont tant envahi le domaine politique qu’elles en ont fait fuir les valeurs morales. Ce qui laisse le champ libre à l’expression du pire de l’être humain : la haine de l’autre, spécialement de l’étranger, et surtout si sa couleur de peau, ses préférences sexuelles, ses caractères physiques ou sa religion démontrent qu’il n’est pas comme nous. J’espère que la personne ici attaquée ira au bout de son intention de déposer une plainte, sinon pour elle-même, mais au nom de toutes les victimes de discrimination et des valeurs de la République.