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Juju et Toto
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 16 août 2020 10:15
- Écrit par L'invitée du dimanche
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C’est ainsi que s’appelaient dans l’intimité, Juliette Drouet et Victor Hugo… encore deux amoureux célèbres dont on ne connaît peut-être qu’une face de l’histoire.
Victor Hugo découvre Juliette dans un petit rôle de « Lucrèce Borgia », c’est l’éblouissement, le coup de foudre immédiat. Hugo lui fait rapidement renoncer au théâtre alors qu’elle pensait avoir des premiers rôles grâce à lui, elle se laisse « emprisonner ». Elle abandonne pour lui son riche protecteur russe qui l’entretenait dans le luxe, pour un pauvre appartement sans confort, où elle passe ses journées à l’attendre.
Il est convenu qu’elle ne sortira jamais sans lui, qu’elle n’ouvrira son courrier que devant lui, qu’elle lui écrira deux fois par jour (plus de 22 000 lettres), jamais personne d’autre que le poète n’aurait dû lire ces lettres, leur sincérité les dessert : Hugo est appelé « mon petit homme » « mon grand Toto bien-aimé » « mon Toto sublime ». L’écrivain a peur que cette correspondance le desserve, car montrant qu’il y a plus de majesté dans son œuvre que dans sa vie !
Elle supporte tout, quand il écrit « Ruy Blas », elle reste deux mois sans le voir ou presque, lui trouve ça naturel, il a besoin d’elle pour lui parler de ses petites contrariétés et pour trouver du réconfort.
« Tu es le beau et bienfaisant soleil qui fait éclore les fleurs, pousser les fruits vivre les âmes, tu es mon dieu, mon amant », elle est reconnaissante quand, descendu de son Olympe, le Dieu fait une apparition dans son désert. Elle attend le rôle principal de la reine de Ruy Blas, elle attend un voyage promis après la pièce, plus elle attend plus elle déborde de reconnaissance.
Madame Hugo intervient pour que le rôle de la reine ne lui soit pas donné. Juliette se désespère « j’ai un chagrin plus grand que tu ne peux l’imaginer », puis elle se ressaisit et remercie « son bon ange » qui l’emmène 10 jours en Champagne.
Toute sa vie, Juliette sera l’ombre de Toto, c’est avec son aide qu’il fuira en Belgique en décembre 1851, son arrestation immédiate, elle l’accompagnera après son bannissement dans l’exil à Guernesey et Jersey habitant à chaque déménagement une maison proche de celle qu’il occupe avec Adèle Hugo et sa famille (encore un ménage à trois) Hugo écrira à ses enfants en 1870 : « elle m’a sauvé la vie, elle a subi avec moi mon exil, jamais son âme n’a quitté la mienne, que ceux qui m’ont aimé l’aiment, que ceux qui m’ont aimé la respectent, elle est ma veuve ».
Un hommage bien mérité, pour celle qui l’accompagna 50 ans et lui demandait « Ô Toto tenez-moi compte de l’abnégation entière que je fais de ma volonté, de ma vie, de mes plaisirs ». Il était sûr de son amour, jalouse, elle a, avec raison, douté de lui qui pendant sept ans entretient une liaison avec Léonie d’Aunet, il la rassure : « quand je ne serai plus qu’une cendre glacée, quand mes yeux fatigués seront fermés au jour, dis-toi si dans ton cœur ma mémoire est fixée, le monde a sa pensée, moi j’avais son amour ».
Excusez du peu, on peut être républicain, pair de France, génie de la littérature et de la poésie et un foutu macho prétentieux !
L’invitée du dimanche
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