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Vapeur vivre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 15 août 2020 10:38
- Écrit par Claude Séné
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Les îles sont très souvent sujettes à des contestations de nationalité. C’est le cas entre la Turquie et la Grèce qui se disputent la souveraineté de petits ilots, et aussi, et surtout celle de Chypre, pomme de discorde entre les deux pays, dont le sort n’a jamais été réglé diplomatiquement et qui reste partagé entre les états antagonistes, bien que tous deux membres de l’OTAN. De tels conflits larvés peuvent déboucher sur des guerres ouvertes comme on a pu le voir en 1982 quand Argentins et Anglais se disputaient la possession des Malouines, Falklands en anglais, Malvinas en espagnol.
La Turquie a décidé unilatéralement de mener des recherches autour de la petite île grecque de Kastellorizo pour exploiter ultérieurement une vaste réserve sous-marine de gaz dont elle aurait le plus grand besoin, contestant la définition des eaux territoriales de la région. La Grèce a évidemment protesté énergiquement et a reçu le soutien appuyé de la France, qui a renforcé sa présence militaire en Méditerranée orientale, où elle se préparait à secourir le Liban, durement touché par la catastrophe du port de Beyrouth. Il n’en fallait pas plus pour que la Turquie accuse la France de se comporter en « caïd », ce qui est loin d’être un compliment, visiblement. Venant d’un dirigeant aussi autoritaire que Recep Tayyip Erdogan, on pourrait être tenté de balayer la critique en évoquant la poêle se moquant du chaudron, mais elle contient une part de vérité. Que vient faire la France dans cette affaire ? L’action diplomatique au niveau européen n’aurait-elle pas été préférable ? Angela Merkel a fourni la réponse en prenant acte de la décision française, tout en se refusant à condamner la Turquie, probablement en raison des liens historiques entre les deux pays.
Emmanuel Macron perpétue une tradition française, celle de la puissance militaire, en se battant sur tous les fronts à l’approche des futures échéances électorales, mais en avons-nous réellement les moyens ? Le bon vieux temps des colonies est définitivement terminé, et nous ne pouvons plus utiliser ce que l’on appelait la diplomatie de la canonnière, qui consistait à bombarder les autochtones depuis la mer ou le fleuve, comme dans le film : « la canonnière du Yang Tsé », qui repasse très régulièrement à la télévision et que j’ai dû voir une bonne dizaine de fois. La scène culte montre Steve McQueen expliquer par geste et en petit nègre le trajet suivi par la vapeur pour faire tourner le moteur du bateau à un coolie, ce qui donne en version française : « vapeur vivre ». C’est la métaphore de l’émancipation des populations locales, qui mettra fin à la domination des colonisateurs. C’est aussi le sens de l’histoire, où même les États-Unis semblent avoir renoncé à jouer le rôle de gendarmes du monde. Il reste à construire des instances internationales fortes et reconnues par tous.
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