Véritable monstre sacré : Jean + Jean
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 26 juillet 2020 10:01
- Écrit par L'invitée du dimanche
Le couple homosexuel du XXe siècle le plus célèbre, Cocteau et Marais.
Ils se rencontrent en 1937, présentés par Max Jacob, ami de Cocteau, pour une audition pour « Œdipe roi ». Pour Cocteau, c’est le coup de foudre immédiat face à ce jeune éphèbe, il est ébloui. Il dira plus tard : « je ne l’ai pas connu, je l’ai reconnu ». Après lui avoir confié un petit rôle muet, il lui déclare sa flamme, Jean Marais y répond favorablement et devient lui aussi fou amoureux, même si au départ, la notoriété de Jean Cocteau lui semblait un tremplin intéressant pour sa future carrière de comédien. Cocteau a 48 ans, Jean Marais 23…
À cette période de sa vie Jean Cocteau est un opiomane dépendant, il a sombré dans la drogue, inconsolable après le décès de son premier grand amour, Raymond Radiguet, dont il a été l’amant et le Pygmalion de 1919 à 1923 (Radiguet a 16 ans, Cocteau 30) une liaison la plus fusionnelle et la plus fulgurante de l’histoire de la littérature. Cocteau dira « je me suis senti amputé d’une moitié de moi-même ».
Quand il rencontre Jean Marais, il est prêt à vivre une nouvelle aventure amoureuse. Autant décrié qu’adulé, Jean Cocteau vit son homosexualité sans la cacher, mais sans la nommer (le livre blanc écrit en 1928 sera son coming out) et avec Jean Marais ils vont vivre en couple gay moderne, vivant ensemble ouvertement, voyageant, passant des vacances comme n’importe quel couple marié, ils sont inséparables.
Cocteau à nouveau joue les Pygmalion, il devient le mentor de Jean Marais, il s’occupe de son instruction littéraire et artistique, il lui apprend à modifier sa voix de fausset qui le handicape pour sa carrière au cinéma. Dès 1938, il lui écrit une pièce sur mesure, « les parents terribles », lui donne ses plus beaux rôles dans ses films. De son côté Jean Marais qui n’est jamais tombé dans la drogue, l’aide à se sortir de sa dépendance à l’opium. Bien que leur attachement soit indestructible ils s’autorisent l’un et l’autre des relations extérieures à leur couple.
En 1948, Jean Marais prend quelques distances en déménageant sur une péniche, puis à Marnes-la-Coquette en 54, et véritable monstre sacré, réalise une carrière cinématographique et théâtrale exceptionnelle. Jean Cocteau reste son plus grand ami, son confident, entre eux s’échange une correspondance, preuve intemporelle de leur amour : « je n’existe que par toi et par tes visites… mon Jeannot, tout ce qui est à moi est à toi, tout ce qui sort de moi s’élance vers toi… » extrait de « clair-obscur ».
Après le décès de Cocteau en 1963, Jean Marais dira « je regrette amèrement de ne pas avoir passé ma vie à servir Cocteau au lieu de penser à ma carrière ».
Il devra à celui avec qui il a vécu un amour fluide, absolu, indépendant de l’âge, du sexe, de la nature, du costume et qui a modelé ses goûts culturels et développé ses capacités artistiques, de vivre à Vallauris jusqu’à sa mort en 1998, une carrière de sculpteur, de peintre et d’écrivain après avoir été récompensé par un César d’honneur en 1993.
L’invitée du dimanche
Commentaires