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Patinage artistique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 9 juillet 2020 10:31
- Écrit par Claude Séné
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Si les premiers pas du nouveau gouvernement étaient un sport, ce serait du patinage artistique. Pourquoi ? Parce que les conditions de sa nomination, en particulier celle du Premier ministre, font preuve d’un certain flou artistique, précisément. Et pour poursuivre l’analogie, elles me rappellent mon apprentissage de la conduite automobile, quand il fallait s’initier aux joies du démarrage en côte et apprendre à faire patiner l’embrayage, ni trop, ni trop peu, sous peine de devoir payer sa tournée si le moteur calait. La technologie et ses progrès ont fait de cette épreuve un lointain souvenir.
Quoi qu’il en soit, nous avons eu droit pour commencer aux figures imposées. Tout d’abord, les cérémonies de passation de pouvoir, où les ministres sortants doivent cacher leur amertume s’ils ne sont pas promus à de plus hautes fonctions et où les nouveaux arrivants doivent rendre un hommage appuyé à leurs prédécesseurs, même et surtout s’ils n’en pensent que du mal. Le deuxième exercice consiste à se rendre dans un lieu emblématique, appelé judicieusement pour l’occasion, « le terrain », où le ministre se contente de saluer de loin quelques personnes travaillant à cet endroit, et d’énoncer quelques banalités, sur le mode original du « que d’eau ! » du général Mac Mahon découvrant les inondations de la Garonne en 1875. Cette fois-ci, le véritable baptême du feu pour les ministres néophytes a eu lieu à l’Assemblée nationale à l’occasion des questions au gouvernement.
Visiblement, seul le Premier ministre avait une vague idée de ce qu’attendait Emmanuel Macron de son nouveau jouet gouvernemental, avec notamment la reprise de la réforme inique des retraites, judicieusement suspendue pendant la crise sanitaire. Les autres étaient livrés à eux-mêmes dans ce que la presse a appelé à juste titre un bizutage. Même un orateur aussi aguerri que le nouveau Garde des Sceaux en a été réduit à demander l’indulgence du jury pour excuser un discours hésitant. Il fallait une solide expérience, comme Roselyne Bachelot, pour se tirer d’affaire et éviter la chute en n’ayant aucune idée du programme qui sera annoncé par le président le 14 juillet, repris par le Premier ministre dans « son » discours de politique générale, pour être enfin détaillé aux simples exécutants ministres dans des lettres de cadrage. Imaginez l’embarras d’une Marlène Schiappa, à qui l’on retire le seul sujet qu’elle connaisse un peu, l’égalité entre les hommes et les femmes, à moins que ce ne soit l’inverse, pour lui donner un ministère de la citoyenneté dont les contours ne sont pas encore définis, mais qui sera sous l’autorité de son « collègue » Gérald Darmanin, gravement soupçonné d’abus sexuels, précisément son ancien cheval de bataille. De quoi sortir d’urgence les avirons et se livrer à un nouveau sport.