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Le temps des noyaux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 8 juin 2020 10:44
- Écrit par Claude Séné
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C’était il n’y a pas si longtemps, le 12 mars dernier, et pourtant une éternité semble s’être écoulée depuis qu’Emmanuel Macron, s’adressant aux Français, leur promettait solennellement que l’état « mobiliserait tous les moyens financiers nécessaires, quoi qu’il en coûte ». Une promesse pour le moins hasardeuse, dont on commence à percevoir à quel point elle sera difficile sinon impossible à tenir. Sans le dire explicitement, le pouvoir a commencé à fermer discrètement les robinets grands ouverts de la manne céleste, alors même que de nombreux oubliés de l’aide gouvernementale continuent à tirer le signal d’alarme.
La santé n’a pas de prix avait dit le chef de l’état. Mais elle a un coût. Et le président semble être en train de le mesurer et de chercher le moyen de ne pas le payer sans que cela se voie. Devant l’urgence, sans jeu de mots, de régler la situation désastreuse de l’hôpital public, le président a allumé à la hâte un contre-feu selon sa recette éprouvée : faire s’assoir les mécontents à une table pour éviter qu’ils ne défilent dans la rue. C’est le début du « Ségur de la Santé » avec lequel Macron espérait gagner au moins 2 ou 3 mois et pouvoir souffler jusqu’à la rentrée. Le procédé a fait long feu. Certains syndicats appellent à manifester le 16 juin pour exiger une revalorisation substantielle des salaires, bien au-delà de l’aumône du don de RTT votée à l’Assemblée nationale. Le syndicat Sud Santé, lui, a quitté la table des pseudo-négociations, estimant qu’il y perdait son temps.
L’autre grand chantier concerne évidemment l’emploi. Malgré la pluie de milliards promise, beaucoup de faillites sont à craindre quand elles ne sont pas déjà effectives, et l’état ne pourra pas, quoi qu’il en dise, maintenir éternellement l’économie sous perfusion. Il a d’ailleurs commencé à réduire les aides sur le chômage partiel, et l’amortisseur social, qui a bien joué son rôle dans un premier temps, est en train de se dégonfler progressivement. Si bien qu’il faut s’attendre à une hausse massive du chômage, au fur et à mesure de la baisse des aides. Après avoir dépensé sans compter, l’état va devoir serrer la ceinture des Français, et ce seront, comme d’habitude, les plus fragiles qui trinqueront les premiers. On a beaucoup dit qu’il y aurait un « avant » et un « après » Covid 19. Pour paraphraser Prévert, « le temps des cerises ne reviendra plus, et le temps des noyaux non plus ». D’autres avant Macron s’y sont cassé les dents, sur ces fameux noyaux. Il y a toujours un moment où le peuple présente l’addition, et l’on s’aperçoit alors qu’il a une mémoire d’éléphant et se souvient de tout.