![](/images/breton_assis.png)
Le degré zéro de la communication
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 avril 2020 10:50
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Autant, comme près de 37 millions de Français qui ont suivi en direct son allocution, je m’attendais à ce qu’Emmanuel Macron fasse une annonce importante concernant le confinement lundi dernier, autant nous étions prévenus que le Premier ministre n’aurait aucune décision nouvelle à nous révéler ce dimanche. Il fallait donc une bonne dose de courage ou d’inconscience pour se planter devant son poste de télévision pendant deux bonnes heures pour guetter un détour de phrase susceptible de contenir une non-annonce comme Brassens faisait sa non-demande en mariage.
Je vous avoue que même dans ces temps où le temps précisément semble s’étirer, j’estime avoir mieux à faire et je me suis contenté du résumé et des extraits largement diffusés dans la soirée pour vous livrer mes réflexions. Il me semble qu’Édouard Philippe s’est affranchi d’une règle mise en évidence par un linguiste britannique, Paul Grice, qui suppose que dans une situation de communication, les interlocuteurs sont d’accord sur un point, et c’est celui d’une coopération entre eux, l’un pour se faire comprendre, l’autre pour découvrir le sens de la parole qui lui est fournie. Or, le Premier ministre avait pour seule intention celle de montrer qu’il communiquait, alors même que le message ne pouvait avoir aucun contenu, en l’état actuel des choses. Lui, comme nous, en était réduit aux hypothèses. C’est déjà inconfortable pour de simples citoyens de ne pas savoir où nous allons, mais il n’y a rien de rassurant à constater que les personnes supposées prendre les décisions n’en savent guère plus que nous.
En guise d’objectifs, nous avons été invités à faire preuve d’imagination. Il me semble qu’un certain John Lennon nous a déjà fait cette proposition avec un talent plus évident pour l’exercice. Sa chanson est devenue l’hymne de l’utopie pacifiste et de la non-violence, mais serait d’une faible efficacité contre la propagation de l’épidémie. Pour un peu, il nous aurait cité également Martin Luther King, en prétendant avoir fait un rêve. Eh bien, chiche ! j’en ferais bien un, moi, de rêve. Le rêve d’un pays où des valeurs comme la santé et le bien-être de la population passeraient avant la réalisation de profits toujours plus grands pour un nombre de personnes toujours plus petit. Où l’on n’attendrait pas une catastrophe sanitaire pour débloquer des dizaines ou des centaines de milliards en faveur des hôpitaux et tous les secteurs que l’on redécouvre comme essentiels à la marche du pays et aux besoins de ses habitants. Où l’on se préoccuperait du sort des plus pauvres et des plus démunis. J’en passe et des non moins bonnes.
« Vous pouvez dire que je suis un rêveur,
Mais je ne suis pas le seul,
J’espère qu’un jour vous nous rejoindrez,
Et le monde sera uni »
(Imagine, John Lennon, 1971)
Commentaires