![](/images/breton_assis.png)
Baptême du feu
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 2 mars 2020 10:12
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Jusqu’à samedi dernier, force était de constater que le gouvernement semblait gérer plutôt correctement la crise du coronavirus et maitriser la communication sur les moyens mis en œuvre. Je signalais pourtant que l’équilibre était délicat et fragile entre la démonstration de sérénité et la vigilance nécessaire pour juguler la diffusion du virus. Coïncidence ou non, le changement de stratégie du gouvernement et le passage au stade 2 du dispositif annoncé par le nouveau ministre a créé la confusion, qui est plus dangereuse encore que l’épidémie elle-même.
J’ai entendu par hasard la plus grande partie de la conférence de presse d’Olivier Véran à la suite du conseil des ministres, et j’ai senti immédiatement, au-delà des mesures proprement dites et du ton qui se voulait rassurant que le message qui passait était à l’opposé des intentions de nos dirigeants. Le ministre a fait le choix de la transparence absolue, n’épargnant aucun détail sur les procédures et expliquant les moindres décisions locales au lieu de donner des indications générales. Résultat paradoxal : un chanteur assez connu, M’Pokora, s’inquiétant de la poursuite de sa tournée, déduit du flou artistique qu’on nous cacherait peut-être quelque chose. Il faut dire que la logique des interdictions échappe au commun des mortels. On interrompt le salon de l’agriculture, mais on autorise les matches de football, y compris la venue de 3000 supporters italiens. On ferme des marchés en milieu rural, mais on laisse ouvertes les grandes surfaces de distribution. La barre des rassemblements autorisés est portée à 5 000 personnes, mais des organisateurs limitant volontairement à 4 500 les spectateurs continuent leurs activités. Les masques de protection étant en rupture de stock seront désormais délivrés uniquement sur prescription médicale et ils sont en attente de fabrication. Une pénurie créatrice d’anxiété même si les autorités s’échinent à expliquer que ces masques sont inefficaces dans la plupart des cas.
L’aveu le plus dévastateur dans cette communication ministérielle, c’est celui de l’abandon des mesures de confinement prônées jusqu’à présent, jugées inutiles à ce stade de la propagation, autant dire un constat d’échec peu rassurant pour l’avenir, toute l’ambition du gouvernement semblant se limiter à retarder la généralisation de l’épidémie, qui sera actée par le stade 3. Ce qui me parait singulièrement mal géré c’est l’aspect irrationnel de la situation. Si les masques rassurent la population, pourquoi ne pas les lui fournir, même s’ils sont peu efficaces dans la majorité des cas ? De même pour les quatorzaines, qui avaient le mérite d’être clairement compréhensibles, à défaut d’empêcher complètement la dissémination du virus. Quant aux mesures d’urgence à mettre en œuvre, celles qui permettront de lutter efficacement contre l’épidémie, c'est de toute évidence de donner droit aux revendications du personnel hospitalier, déjà en sous-effectif chronique, afin de renforcer massivement le dispositif public.