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Nouvelles frontières
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 février 2020 10:24
- Écrit par Claude Séné
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Souvenons-nous, ce n’est pas si vieux, quand Jacques Maillot donnait un grand coup de pied dans la fourmilière du voyage organisé et du monopole aérien et créait l’association « Nouvelles Frontières ». Pendant 35 ans, des millions de touristes allaient découvrir le monde grâce aux tarifs préférentiels pratiqués par le voyagiste, notamment sur les charters affrétés par sa compagnie Corsair. Petit à petit, Nouvelles Frontières est devenu une marque, pour finalement n’être plus que cela après la reprise de l’entreprise par le groupe Travel Union International (TUI) et le départ de son président fondateur.
Dans l’esprit de Jacques Maillot, les nouvelles frontières étaient beaucoup plus perméables que les anciennes puisque son objectif était de démocratiser le transport aérien pour le rendre accessible au plus grand nombre. Un universalisme qui ne plait guère aux tenants du protectionnisme qui voudraient fermer leur pays aux échanges, qu’ils soient économiques ou culturels, les partisans de la Corrèze avant le Zambèze, les dénonciateurs d’un soi-disant envahissement du pays par des hordes de barbares africains ou arabes. La grande peur engendrée par la crise sanitaire du coronavirus leur a donné une chance inespérée de promouvoir leurs thèses, sous couvert de défense de la population contre un envahisseur potentiel, asiatique au départ pour cette fois, mais pouvant prendre potentiellement l’apparence d’un étranger quel qu’il soit. Quand Marine Le Pen fait semblant de s’indigner sur le manque de contrôle sanitaire aux frontières, notamment avec l’Italie en ce moment, ce qu’elle vise c’est une fermeture qui permettrait de bloquer tous les migrants et réfugiés éventuels au prétexte qu’ils pourraient être porteurs de la maladie.
Le repli identitaire prôné par l’extrême-droite, outre qu’il est condamnable moralement, est une impasse économique. Les rêves d’autarcie se traduiraient par des pénuries de produits de première nécessité et l’incapacité d’écouler certaines de nos productions. Nos sociétés devraient se transformer pour aller vers plus de surveillance par un état policier, où la méfiance vis-à-vis des étrangers se muerait en défiance généralisée envers les inconnus, fussent-ils de la région ou de la ville voisine. Et le Rassemblement national n’est pas le seul à demander des restrictions à la libre circulation et la fermeture des frontières. Une partie de la droite classique du parti les Républicains lui emboîte le pas avec notamment le député Éric Ciotti. La tentation de l’extrême est permanente dans nos démocraties. En Italie, où Mateo Salvini attend son heure en espérant prendre sa revanche après la dissolution de la coalition avec le mouvement populiste cinq étoiles. Et aussi en Allemagne, où le président du Land de Thuringe, un libéral, a été élu avec l’appoint des voix de l’AFD, parti d’extrême-droite, et celles de la CDU d’Angela Merkel. Plus qu’une frontière, c’est une digue qui vient de céder.