Congé de deuil d’un enfant

La dernière boulette en date de ce pouvoir arrogant concerne le refus d’allonger la durée du congé accordé à un parent pour faire face à la douleur de perdre son enfant. C’est un député de droite qui avait fait cette proposition de passer de 5 à 12 jours le congé indemnisé après un décès familial de cette nature, et l’on aurait pu croire qu’elle ne soulèverait pas d’opposition, ni même de réserves. C’était mal connaître la capacité du gouvernement à mépriser les aspirations les plus légitimes du moment qu’elles ne proviennent pas des rangs de la majorité.

C’est la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui s’y est collée pour refuser la moindre charge supplémentaire, au nom des entreprises qui n’avaient rien demandé et elle a donc ordonné aux parlementaires de la République en marche de voter contre ce projet. Ce qu’ils ont fait sans état d’âme apparent, les désirs du pouvoir étant des ordres. Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles jusqu’à ce que François Rufin, député apparenté à la France Insoumise, s’indigne publiquement du manque de cœur de ses collègues de la majorité et que le pouvoir prenne la mesure des conséquences catastrophiques éventuelles dans l’opinion publique d’une telle décision. Il n’en fallait pas plus pour que Jupiter, dans sa grande mansuétude, en appelle à « l’humanité » des députés, celle-là même qu’il avait appelée à enfouir bien profond dans la poche au nom des intérêts supérieurs du patronat. Humiliation suprême, le Medef se permettait même de faire la leçon au gouvernement en demandant la mise en œuvre de la mesure sur l’air de : « on n’est pas des sauvages, quand même ! »

Finalement, on a eu droit au numéro « good cop, bad cop », Muriel Pénicaud fait un mea culpa en trompe-l’œil en plaidant « une erreur collective », alors que c’est surtout elle, l’erreur de casting, et les députés de la majorité sont « invités » à changer leur vote, pour justifier pleinement le surnom que leur a donné un syndicaliste un peu énervé qui les a traités de « playmobil » à cause de leur propension à garder les deux mains levées pour approuver comme un seul homme les décisions gouvernementales. C’est en effet une caricature de démocratie où il aura suffi de mobiliser 40 députés pour voter contre les 38 qui se souvenaient de leur part d’humanité, où l’exécutif ne fait même pas semblant de tenir compte de l’avis de la représentation nationale, elle-même bien coupable envers ses électeurs de n’être qu’une majorité-croupion. C’est cela, l’idéal démocratique de Monsieur Macron ? Ce n’est en tout cas pas le mien.