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Tout le monde savait
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 4 février 2020 10:44
- Écrit par Claude Séné
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Les violences sexuelles dans le milieu du patinage artistique étaient donc connues si l’on en croit les déclarations des uns et des autres après les révélations de l’ancienne patineuse française Sarah Abitbol dans son livre-témoignage « un si long silence ». Elle y dénonce son ancien entraîneur qui l’a violée alors qu’elle était encore mineure. Cet homme n’a d’ailleurs pas contesté les faits et a présenté des excuses, bien dérisoires et qu’elle n’a pas acceptées. Au-delà de ce fait, c’est tout un système qui est mis en accusation, ce qui n’est pas sans rappeler le scandale de la pédophilie dans l’église.
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a demandé la démission du président de la Fédération des sports de glace, qui ne pouvait pas ne pas être au courant des accusations touchant des cadres de sa fédération. Didier Gailhaguet, en poste depuis plus de 20 ans, serait, selon un ancien champion, Gwendal Peizerat, à la tête d’un véritable système mafieux lui assurant une inamovibilité grâce à des dossiers sur les dirigeants qui le réélisent sans coup férir. Cet « honnête homme » verse quelques larmes de crocodile sur les victimes et leurs familles, refuse de démissionner au motif qu’il aurait commis quelques erreurs, mais aucune faute, et tente de tout mettre sur le dos de Marie-Georges Buffet, ministre des Sports à l’époque des faits révélés par Sarah Abitbol. En pratique, si lui-même n’a rien fait pour tenter de mettre son collègue sur la touche, ni à l’époque ni par la suite, le ministère des Sports a diligenté des enquêtes en vue d’écarter Gilles Beyer du contact avec les jeunes athlètes.
Dans cette affaire comme dans d’autres, la difficulté principale vient de la prescription et du silence tellement difficile à rompre pour les victimes. Le courage de ceux qui témoignent permettra peut-être à d’autres de dénoncer ces pratiques odieuses et dont on ne connaît encore que la partie émergée de l’iceberg. Tout porte à croire que ces crimes, s’ils ne sont pas généralisés, n’épargnent aucun des microcosmes de la société, même les moins soupçonnables a priori. Le regard du public a changé, et c’est un point positif. D’une part, il croit les victimes quand elles dénoncent des agissements de cette nature, ce qui devrait lever un premier verrou, celui de la peur d’être pris pour un ou une mythomane. D’autre part, parler est reconnu comme un acte de courage contre un fléau qui touche beaucoup trop de personnes innocentes. Il reste un palier à franchir, et c’est de déclarer l’imprescriptibilité de ces crimes, au même titre que les crimes contre l’humanité, dont ils sont, l’effet de masse en moins, les pendants. Voilà un sujet qui pourrait faire avancer la société et renforcer sa cohésion.