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Vous nous avez gâtés, Monsieur l’Ambassadeur
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 décembre 2019 10:27
- Écrit par Claude Séné
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Je regardais tranquillement la télévision l’autre jour, quand je suis tombé sur un reportage consacré à la vie dangereuse de l’ambassadeur de France en Afghanistan. On y voyait le diplomate, confiné dans son appartement, obligé de rester à proximité immédiate de son gilet pare-balle et prêt à courir s’abriter dans un refuge à l’épreuve des bombes. Sous la protection de troupes d’élite, il ne dispose que de quelques secondes pour s’y réfugier. Il ne peut évidemment s’aventurer hors de l’ambassade que sous haute protection, et même ainsi les risques sont très élevés.
En voyant sa tête, j’avais l’impression de le connaître, et en effet, quand le commentaire a rappelé son identité, la mémoire m’est revenue. L’ambassadeur de France à Kaboul s’appelle David Martinon. C’est un sarkoboy qui a eu son heure de gloire dans l’ombre de son mentor, fraîchement élu à la présidence de la République en 2007. Plus exactement, il était le protégé de Cécilia, ce qui lui mettra le pied à l’étrier, mais qui causera aussi sa perte dans la mesure où le couple présidentiel battait déjà de l’aile à cette époque. Il sera porte-parole de l’Élysée après avoir été chef de cabinet de la campagne de Nicolas Sarkozy. Il passera son temps à répéter qu’il n’a aucun commentaire à faire, principalement sur les démêlés sentimentaux du président, qui laissera échapper un « quel imbécile » excédé en oubliant les micros et les caméras. Qu’importe ! Sarkozy lui offrira sur un plateau son ancien fief de Neuilly-sur-Seine, dont il a été le maire. David Martinon atterrit dans la banlieue huppée, range son parachute et fait campagne. Il a un allié de poids, croit-il, en la personne du « prince » Jean Sarkozy, qui lui lance en public une phrase prophétique : « on te soutiendra à mort, David ! » Il ne croyait pas si bien dire. Sur le terrain, les rivaux font scander des « Martinon, non, non » tandis que le candidat accumule les bourdes.
L’Élysée le lâche en rase-campagne tandis qu’un troisième larron tire les marrons du feu. Jean-Christophe Fromentin est élu au 2e tour après que David Martinon se soit retiré de la compétition. Rendu à la vie civile, l’énarque retrouve son corps d’origine, le Quai d’Orsay, et après un passage comme consul à Los Angeles, il est nommé ambassadeur dans un pays exposé aux soubresauts d’un conflit interminable. Il occupe ce poste avec un calme remarquable, malgré les risques auxquels il est exposé. On comprend entre les lignes qu’une situation de guerre ouverte comme la vit l’Afghanistan, sans être de tout repos, est infiniment moins anxiogène que la vie réputée paisible de la politique française. Il ne manque que les friandises d’une célèbre marque italienne.