Résurrection

On a retrouvé la CFDT ! Souvenez-vous, on se demandait où pouvait bien être passée la centrale syndicale, presque totalement inaudible depuis que Macron est arrivé au pouvoir, comme pétrifiée devant un gouvernement ignorant superbement ses appels du pied, faisant vainement des offres de service snobées par un président qui lui faisait bien sentir qu’il n’avait pas besoin de supplétifs quand les troupes « régulières » étaient si nombreuses. La CFDT, comme la 7e compagnie, en était réduite à errer tristement au clair de lune en espérant des jours meilleurs.

Et puis, « winter is coming » comme dans le feuilleton télévisé Game of Thrones, une version moderne de la bise glaciale frappant la cigale de La Fontaine. Après le vent du boulet des gilets jaunes, la tempête sociale menace. Le chef de l’état se découvre brusquement une âme de négociateur. Il fouille dans son carnet d’adresses et il semble avoir retrouvé le numéro de téléphone des syndicats. Finies les marches forcées et les réformes aux forceps. Voici venu le temps d’attendre de toute urgence et de voir s’il ne faudrait pas lâcher un peu de lest. Et, comme par enchantement, le secrétaire général de l’organisation syndicale la plus influente du secteur privé retrouve sa voix et prend la parole sur France Inter dans la matinale, l’émission phare de la station. Et il déclare être « choqué » par les mesures gouvernementales, notamment sur le délai de trois mois imposé aux demandeurs d’asile avant de pouvoir bénéficier de l’aide médicale de base. Il rappelle le pouvoir à ses obligations de faire preuve d’humanité et à l’intérêt commun de soigner précocement toutes les affections avant qu’elles ne deviennent plus graves. Ce n’est là qu’un exemple. Tout au long de l’entretien, Laurent Berger se montre incisif, critique, et tire à boulets rouges sur ce gouvernement qu’il soutenait jusque-là par une indulgence coupable, quand il ne lui soufflait pas des idées contestables sur la retraite par points.

Bref, j’avais l’impression que si l’on était encore loin d’un front syndical uni, on pouvait s’attendre à une convergence objective sur des revendications communes aux différents acteurs pour éviter une trop grande casse sociale. Las ! mes illusions allaient s’envoler encore une fois quand Nicolas Demorand, relayant la question d’un auditeur, demandait à Laurent Berger pourquoi la CFDT ne se joignait pas aux manifestations unitaires prévues le 5 décembre prochain. À ce moment précis, France Inter aurait pu diffuser la musique anxiogène de l’Alerte enlèvement, car on a perdu le secrétaire confédéral en plein vol. il a sorti ses avirons les plus pesants pour expliquer laborieusement qu’il était en pleins pourparlers avec ce gouvernement qu’il critiquait si violemment la seconde d’avant, et que ce ne serait pas très poli de quitter la table avant le dessert. Et merde ! on a encore perdu la CFDT.

Commentaires  

#1 jacotte 86 06-11-2019 11:25
merci pour mon rire du matin... ça donne la pêche
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