Géopolitique

Les Français sont plutôt mauvais en géographie, il faut le reconnaître, et je serais bien incapable de nommer la totalité des 50 états américains et leurs capitales, mis à part les plus connus. Mais nous pouvons nous consoler avec l’ignorance encore plus crasse du président en exercice aux États-Unis. Non seulement il ignore la localisation des pays étrangers, dont il écorche fréquemment les noms, mais il ne semble même pas maîtriser la géographie des territoires qui sont placés sous sa juridiction. C’est quand même inquiétant de penser que le commandant en chef de la plus forte armée du monde pourrait rayer un pays de la carte par méprise ou par erreur.

La dernière en date de ses bourdes, c’est d’avoir promis aux électeurs du Colorado de construire un mur pour les protéger de l’immigration clandestine, ignorant superbement que cet état n’est pas frontalier du Mexique. Cette nouvelle bévue fait suite à de nombreuses autres. Citons en vrac la « Nambie », pays africain imaginaire, Paris qui serait en Allemagne, la « jolie ville » que serait la Belgique, l’Irlande qui ferait partie du Royaume-Uni, le Golfe persique devenu arabique, sa rencontre avec « le président des Iles vierges », qui ne serait autre que… lui-même pour leur partie américaine, le mystère du Bangladesh dont on ne sait pas trop où il se situe, la Corse qui appartient à l’Italie, la Tanzanie devenant la Tanzénie, l’Oregon devenant l’Orygone… Mais la confusion la plus inquiétante remonte à cette annonce de l’attaque dirigée contre l’Irak par 59 missiles, alors qu’en réalité c’était la Syrie qui avait été visée. Impossible de savoir avec certitude s’il s’agit d’un simple lapsus, comme il peut nous en arriver à tous, ou si le président américain ne confond pas tout simplement les pays, qui après tout sont loin de Washington tous les deux.

Alors quand un diplomate américain en poste en Ukraine révèle sous serment que Trump a fait des démarches pour demander au président ukrainien d’enquêter sur le fils de Joe Biden, en contrepartie d’une aide américaine, on ne peut qu’être préoccupé, voire inquiet. Un type aussi ignare et inculte, qui passe des accords avec des dirigeants dont il ne sait peut-être même pas où leur pays se situe, le même qui a donné par inadvertance un feu vert au président turc pour éliminer les Kurdes de Syrie, mélange ses affaires privées de réélection avec la politique étrangère d’une superpuissance ! Le pire, c’est qu’il n’en fait qu’à sa tête, persuadé de posséder la science infuse, et qu’il lui suffira de répéter sans cesse ses mensonges pour en faire des vérités médiatiques, alternatives fictives que ses électeurs ont envie de croire contre toute évidence.