Coup de chaud

La France et l’Europe ont expérimenté cet été des vagues de chaleur sans précédent, mais cela n’est rien au regard de la température subie encore en ce moment au Qatar où se déroulent dans l’indifférence mondiale des championnats d’athlétisme surréalistes. On se pince pour croire possible d’organiser des épreuves sportives dans un pays où la température atteint encore 30 degrés la nuit et 50 degrés dans la journée. Résultat ? Des abandons en masse dans les compétitions qui se déroulent en dehors des stades climatisés, et des résultats sportifs qui n’ont plus aucune signification.

Les stades sont déserts. À peine 8 000 spectateurs par exemple pour assister à l’épreuve reine de la compétition, la finale du 100 mètres masculin, dans un stade qui peut en contenir 48 000. Les organisateurs accusent les horaires tardifs dus aux exigences des télévisions, mais la réalité c’est que le public local n’a ni le temps ni les moyens de venir au stade, et que la clientèle étrangère n’a pas été convaincue par la propagande des autorités. Les athlètes, en riant jaune, disent qu’ils ne viendront pas « la prochaine fois » en pensant très fort qu’il n’y aura pas de récidive après un pareil fiasco. Et cependant, la FIFA a attribué au Qatar l’organisation de la coupe du monde de football en 2022, dans des conditions laissant une forte suspicion de corruption, n’hésitant pas à bousculer tous les calendriers pour libérer les joueurs en plein hiver, quand la température y est supportable.

Si le bilan est désastreux sur le plan sportif, provoquant la frustration et la colère des athlètes, il ne l’est pas moins sur le plan écologique et environnemental. Les 3 000 bouches d’aération du stade olympique destinées à maintenir coûte que coûte la température en deçà des 25 degrés sont alimentées par des moteurs électriques. La climatisation est aussi en marche dans les hôtels et les fans zones, ainsi que dans les centres d’entraînement. On n’ose même pas essayer de chiffrer le bilan carbone d’un tel évènement. On n’oublie pas non plus le sort des ouvriers étrangers, ce qui est un pléonasme au Qatar, dont les citoyens sont soumis à un « numérus clausus », lesquels travailleurs sont toujours exploités à la limite extrême de l’esclavage. Reste le sujet de société, qui risque de faire débat pour une compétition comme la coupe du monde de football. On imagine la tête du supporter anglais quand on lui expliquera que la bière coûte 92 euros le pack de 24, grâce au doublement de la taxe sur l’alcool, et que les prostituées ne seront pas admises dans le pays, seul point positif de l’application scrupuleuse d’une loi islamique qui condamne aussi l’homosexualité.