Maréchal, la voilà !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 septembre 2019 09:31
- Écrit par Claude Séné
Par convention, plus personne ou presque en France ne se revendique de droite, à part ceux qui en forment l’aile la plus radicale, la faction la plus extrémiste, qui cependant récuse constamment le terme d’extrême droite, préférant celui de « patriote » par exemple, comme Florian Philippot, ancienne âme damnée de Marine Le Pen avant qu’il crée son propre parti. Par conséquent, quand les amis de la nièce de la présidente du Rassemblement national ont appelé à cette « convention de la droite », il fallait comprendre qu’il s’agissait de rassembler les éléments les plus réactionnaires de la société française.
Il s’agit déjà d’un abus de langage de détourner l’image d’une instance révolutionnaire, la Convention Nationale qui gouverna la France de 1792 à 1795, pour baptiser un agrégat de résidus d’anciennes formations politiques qui aspirent à établir un régime antidémocratique. Marion Maréchal, qui récuse désormais sa filiation avec la famille Le Pen, avait convoqué le ban et l’arrière-ban des figures de la droite la plus dure, la plus conservatrice. En vedette, un Robert Ménard, ou un Éric Zemmour des grands soirs, ressassant son discours stérile et creux sur le péril étranger et musulman. Selon lui, les Français « de souche » ont peur et ils ont bien raison. Cela m’a évoqué un article publié il y a déjà longtemps par Guy Sitbon, un journaliste à la fois engagé à gauche et de confession juive, qui racontait sa rencontre fortuite avec Jean-Marie Le Pen au Club Méditerranée, où ils se trouvaient tous deux en vacances. Guy Sitbon, se disant que l’occasion était trop belle, lui demande une interview, ce qu’accepte le leader du Front national. Peut-être en raison du contexte, Jean-Marie Le Pen se montre détendu et cordial. Cependant, il écorche systématiquement le nom du journaliste en lui répétant constamment : « n’ayez pas peur, Monsieur Stibon » tout en niant la réalité des chambres à gaz et des fours crématoires. Et l’article se terminait par la conclusion suivante : « si, j’ai peur ! »
C’est peut-être ça qui a changé en 2019. Le Front devenu Rassemblement national n’est plus honteux. Il ne fait plus peur à ceux qui votent pour lui comme pour un parti « normal ». Il joue toujours sur la peur, mais inversée. Les classes populaires, qui devraient avoir peur de lui et de ses idées malfaisantes, ont aboli la censure qui avait entretenu le mythe d’une France entièrement résistante. C’est le retour du pétainisme et de son idéologie. Par cette convention, Marion Maréchal espère être l’incarnation de cette extrême-droite « à visage humain ». Mais il y a beaucoup de concurrence sur ce créneau démagogique.