Pas de panique !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 septembre 2019 10:38
- Écrit par Claude Séné
Les catastrophes se suivent et se ressemblent. Le gigantesque incendie de l’usine Lubrizol survenu à Rouen jeudi dernier à Rouen a été éclipsé par l’annonce du décès de l’ancien président Jacques Chirac. Tout le travail des autorités consistant à minimiser les conséquences possibles de cette catastrophe en a été grandement facilité. Les yeux et les oreilles des Français se sont tournés ailleurs, excepté ceux des habitants de la région, directement touchés par le nuage toxique. Et ce n’est pas qu’une image. Malgré les masques de protection, l’irritation des yeux et des voies respiratoires a été réelle, et l’est toujours.
Le discours lénifiant des représentants de l’état et des secours publics est en totale contradiction avec la simple observation sur place. Si cette usine était classée Seveso, du nom d’une commune italienne frappée en 1976 par un accident majeur ayant libéré de la dioxine dans l’atmosphère, il y a bien des raisons. Et l’on ne peut que s’étonner que plus de 40 ans plus tard, ces installations extrêmement dangereuses soient encore tolérées à proximité des centres-ville. Après Seveso, il y a eu Bhopal en Inde en 1984 avec l’explosion de l’usine chimique de l’Union Carbide. Puis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 et son fameux nuage radioactif baladeur qui aurait évité notre territoire. Un mensonge d’état qui me faisait penser en 1987 que le nuage dégagé par l’incendie d’un silo de nitrate d’ammoniaque dans le port de Nantes-Saint-Nazaire était peut-être plus dangereux que ce que le préfet nous disait, tout en déclenchant le plan ORSEC pour évacuer 100 000 personnes dans les 7 communes concernées. N’oublions pas l’explosion dans l’usine AZF de Toulouse en 2001, pour laquelle la lumière ne sera peut-être jamais faite.
Le point commun à toutes ces catastrophes, c’est la négligence et le défaut de protection par la sous-évaluation des risques. Les normes de sécurité sont notoirement insuffisantes. Elles s’attachent surtout à éviter des conséquences négatives plutôt qu’à empêcher la survenance de tels « incidents », un mot qui résume bien le peu de cas que l’on fait des populations soumises à ces aléas criminels. Au premier rang des préoccupations, on trouve l’obsession d’éviter les mouvements de panique, qui pourraient générer des victimes supplémentaires. Le remède se révèle plus nocif que le mal qu’il est censé éviter. Les populations ont, à juste titre, perdu toute confiance dans la parole des autorités. Et il suffit qu’un responsable tente de rassurer l’opinion en affirmant que tout va bien pour qu’immédiatement chacun se doute qu’il y a un problème majeur. Nous ne savons pas pour l’instant quelles seront les conséquences de cet incendie sur la santé de la population locale ni sur l’agriculture et l’élevage dans ce secteur, mais l’inquiétude des habitants est tout à fait légitime.