Donald et Gad
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 26 septembre 2019 10:35
- Écrit par Claude Séné
Quel rapport peut-il bien y avoir entre le président des États-Unis et l’humoriste français ? Un brusque accès de franchise, pas tout à fait sincère et désintéressé. Commençons par Trump, dont l’influence sur le cours de la planète est quand même légèrement plus importante que celle de Gad Elmaleh. Accusé d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien pour faire ouvrir une enquête visant à incriminer le fils de Joe Biden, ancien vice-président engagé dans la course à la Maison-Blanche, Donald Trump a fait déclassifier et publier le contenu de sa conversation téléphonique avec Volodymyr Zelensky en date du 25 juillet dernier.
Et, effectivement, bien qu’il n’ait brandi aucune menace formelle, le président américain demande l’ouverture d’une telle enquête. Ce qui est sidérant, c’est que Donald Trump ne semble pas voir ce que cette démarche peut avoir de choquant. Au cours de sa conférence de presse, il s’exclame : « une destitution pour ça ? c’est une blague ! » Et le pire, c’est qu’il pourrait avoir raison sur le résultat, à défaut de remporter une victoire sur le plan moral. Techniquement, la procédure d’impeachment a très peu de chances d’aboutir avec une large majorité républicaine au Sénat. Quant à l’opinion publique, Trump se fait fort de lui tordre le bras en jouant la victimisation comme à son habitude. C’est d’un cynisme écœurant, mais qui lui a permis de se faire élire une première fois. D’ailleurs, les démocrates ne se sont décidés qu’à contrecœur à lancer la procédure, qui pourrait se retourner contre eux.
La stratégie adoptée par Gad Elmaleh vis-à-vis des accusations de plagiat formulées à son encontre par le site CopyComic est assez proche de celle du président américain. Après avoir nié tout « emprunt » de blagues, de vannes ou de situations comiques dans le répertoire de ses homologues américains, il vient de concéder, du bout des lèvres, qu’il y avait bien une part de vrai dans ces allégations. Il fait la part du feu, mais tente maladroitement de se justifier. Selon lui, tous ceux de sa génération qui se sont lancés dans le stand-up se seraient « inspirés » des Américains, mais les emprunts ne représenteraient qu’une minute trente sur 20 ou 30 heures de spectacle. Lui aussi essaie de s’attirer la sympathie du public en se plaignant du traitement qui lui a été réservé, « parce que c’était violent, excessif et démesuré… il y avait un fond de hargne, une volonté de nuire ». Pauvre petit chat. Dans les deux cas, c’est le public qui tranchera. Pour ma part, ma religion est faite.