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L’assiette anglaise
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 12 septembre 2019 09:46
- Écrit par Claude Séné
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C’est comme vous le savez une autre appellation de cette manière d’accommoder les restes, que l’on connait aussi sous le nom d’assiette assortie ou assiette de charcuterie. On y dépose, de la manière la plus artistique possible, jambon, tranches de pâté, de rosbif froid, et autres charcutailles, entrecoupés de cornichons, rondelles de tomates, etc. Cette assiette est un peu à l‘image du royaume qui est de moins en moins uni, mis à l’épreuve du Brexit. J’en veux pour preuve cette décision de la cour d’appel écossaise au sujet de la suspension du Parlement.
Celle-ci vient de déclarer illégale la décision du Premier ministre, considérant qu’il s’agit d’une manœuvre d’obstruction, présentée de façon tendancieuse pour la faire avaliser par la Reine. Ce nouveau revers s’ajoute à la longue liste de camouflets subis par Boris Johnson depuis sa nomination. Son parti conservateur a perdu la courte majorité dont il disposait, et le parlement lui intime de parvenir à un accord avec l’Union européenne, faute de quoi le Brexit ne serait pas acceptable. Il devrait donc demander un nouveau report afin d’y parvenir, alors qu’il a déclaré préférer être mort plutôt que de le demander. Il déclencherait toutefois une crise institutionnelle en refusant d’exécuter le mandat du Parlement. Bojo espérait s’en sortir en convoquant des élections anticipées dont il pourrait sortir vainqueur. Cela aussi lui est refusé par ceux-là mêmes qui les réclamaient à cor et à cri il y a peu. C’est peu dire que le pays se trouve dans une impasse, soumis à des exigences contradictoires.
Les Européens, qui n’ont pas chargé la barque jusqu’ici, ne peuvent pas faire mieux que d’accorder un nouveau délai, si le Royaume-Uni le demande, mais rien n’est sûr. Car c’est là où le bât blesse : les Britanniques sont incapables pour l’instant de tomber d’accord sur une position commune. Le parti travailliste n’est pas plus clair que le parti conservateur sur une ligne à suivre, et la question irlandaise divise toujours les populations. C’est malheureux à dire, mais la crise est profonde et il paraît difficile de trouver une solution en quelques mois, et certainement pas en deux semaines comme le propose Boris Johnson. Son départ ne réglerait rien lui non plus, pas plus que de nouvelles élections. Même un scrutin référendaire pour annuler le Brexit ne serait pas nécessairement une solution. L’ancien premier ministre Cameron, en lançant comme un défi de consulter les citoyens sur une sortie de l’Europe, peut se vanter d’avoir ouvert une boite de Pandore qu’il sera bien difficile de refermer. Les populistes de tout poil, au premier rang desquels se trouvait le Premier ministre actuel, ont saisi l’occasion de proférer les mensonges les plus éhontés, qu’ils ont reconnus plus tard, mais le mal était fait. Les conséquences pourraient en être catastrophiques, y compris celles d’un éclatement du patchwork britannique.