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Hâtons-nous lentement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 5 septembre 2019 10:40
- Écrit par Claude Séné
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La locution latine « festina lente » semble être devenue la nouvelle devise de la Macronie, en tout cas en ce qui concerne la réforme des retraites, pour laquelle il serait devenu très urgent d’attendre. C’est au point que même les ministres n’ont pas encore reçu le bréviaire de la réforme et ne savent pas combien de temps il faudra pour ficeler le rôti avant de l’enfourner. On nous avait pourtant vendu la nécessité de « sauver » le régime par répartition très rapidement, sous peine de le voir disparaitre, mais ça, c’était avant la crise des gilets jaunes.
Le président, qui n’avait rien vu venir, semble en avoir été durablement traumatisé. Le spectre de la « convergence des luttes », rêvée par les syndicats progressistes et les partis de gauche, paraît troubler la sérénité de ses nuits. Imaginer que les adhérents des 42 régimes spéciaux descendent dans la rue pour réclamer le maintien de leurs droits serait pour lui un cauchemar absolu, mais ne peut pas être totalement exclu. D’autres que lui, et de plus expérimentés, se sont cassé les dents sur le dossier des retraites. Jean-Paul Delevoye y a déjà consacré 18 mois pour préparer le rapport préliminaire, mais il semblerait qu’il faille tout recommencer et que cela pourrait prendre des mois, voire des années. Encore doit-il s’estimer heureux que son travail n’ait pas été purement et simplement mis au rebut, comme le plan Banlieue de Jean-Louis Borloo. Il a même été promu au gouvernement avec le même titre honorifique de Haut-Commissaire pour ne pas vexer la ministre de la Santé, jalouse de ses prérogatives.
La réforme, contrairement à la propagande présidentielle, n’a rien de tellement urgent. Le régime est actuellement à l’équilibre et le restera jusqu’en 2025. Et même alors, des ajustements techniques pourraient suffire à le faire fonctionner, sans tout remettre en cause, au nom d’une pseudo égalité et d’une soi-disant simplification. Il s’agit en réalité d’une mesure idéologique destinée à donner une image de modernité au pouvoir en place. Mais le terrain est miné et les catégories les plus perdantes dans le nouveau système risquent de prendre conscience de la situation au fur et à mesure que seront dévoilés les détails de la réforme et ses conséquences sur leur situation personnelle. Pas question de prendre un tel risque à la veille d’élections municipales qui s’annoncent difficiles. Il faudra donc reculer, faire patienter pour ne pas perdre la face à coup de débats poudre aux yeux. Ça, le Président sait le faire, mais pourra-t-il mieux sauter pour autant ? Ce n’est pas certain, et la fin du quinquennat finira bien par arriver.