Le mathématicien et le tatami
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 6 septembre 2019 10:44
- Écrit par Claude Séné
Le mathématicien dont on parle beaucoup en ce moment, c’est évidemment Cédric Villani, qui vient d’officialiser sa candidature à l’élection du « maire de Paris » selon sa formule peu académique. La plupart des candidats mettent l’accent sur le caractère collégial de ce scrutin de liste, surtout à Paris où le scrutin se déroule par arrondissement, et où le maire n’est désigné qu’au troisième tour de scrutin sans être nécessairement arrivé en tête dans son secteur. Cédric Villani, lui, a préféré se mettre en scène comme une rock star, imitant consciemment ou inconsciemment, Emmanuel Macron lui-même.
Tout y était, jusqu’à l’obligation de forcer la voix pour couvrir les applaudissements de la foule enthousiaste. Alors j’avoue que l’on a du mal à le prendre au sérieux, avec son look improbable, légèrement assagi depuis qu’il a décidé de se lancer officiellement dans l’arène politique, et une diction si particulière qu’il en a fait une marque de fabrique, aussi éloignée de la langue « ampoulée » des politiques que de la gouaille ouvriériste que savait manier un Georges Marchais par exemple. Chacune de ses phrases est ponctuée d’une aspiration parasite assez disgracieuse, que ses conseillers en communication n’ont pas encore su faire disparaitre. J’aurais tendance à sous-estimer sa capacité à mobiliser les foules, mais le parcours de son mentor, sur lequel je n’avais pas misé le moindre kopeck, m’incite à la prudence.
Il y a en ce moment une publicité pour une marque automobile dans laquelle le constructeur utilise l’image de Teddy Rinert. On y voit un chercheur réagissant à des spots précédents du champion de judo et disant en substance que Teddy était bien gentil, mais lui conseillant de s’occuper de son tatami. C’est un peu ce que les professionnels de la politique semblent avoir pensé de Cédric Villani. Il est vrai qu’avoir décroché la médaille Fields en Mathématiques, l’équivalent d’un prix Nobel, ne garantit en rien une quelconque compétence pour diriger une capitale aussi importante que Paris. Pas plus qu’être champion dans un sport, quel qu’il soit, ne donne la science infuse pour choisir une automobile. Là s’arrête la comparaison. Si Teddy Rinert possède un argument « de poids » qui empêche ses interlocuteurs de s’opposer à ses propositions, l’argument d’autorité ne joue pas forcément en faveur de Cédric Villani. D’autant plus que l’on ne connait pas exactement ses positions sur la plupart des sujets, mis à part qu’il se définit comme écologiste, qu’il a soutenu dans le passé sa nouvelle adversaire, Anne Hidalgo, et qu’il est dissident de ses nouveaux amis macroniens, sans en être exclu pour autant. Cela dit, je préfère défier Cédric Villani au judo et Teddy Rinert sur une équation, que l’inverse.
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