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La Corrèze ou le Zambèze
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 août 2019 10:14
- Écrit par Claude Séné
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La querelle entre Jaïr Bolsonaro et Emmanuel Macron m’a rappelé à bien des égards une doctrine en cours à la fin des années 50 en France, illustrée par le slogan : « la Corrèze avant le Zambèze », une théorie qui visait à faire passer les intérêts nationaux avant les investissements dans les colonies que possédait alors la France. Une théorie faussée dès l’origine, car la colonisation et la mise en coupe réglée des ressources des pays occupés n’y étaient pas comptabilisées, et le fleuve Zambèze ne traversait aucun territoire français.
Si la France a raison sur le fond de demander au Brésil de tout faire pour préserver la forêt amazonienne, considérant que la forêt primaire est utile à la population mondiale, elle a eu tort sur la forme en mettant à l’index le président brésilien, et en suggérant au G7 de verser une contribution insultante pour « aider » le Brésil à lutter contre les incendies. Une trentaine de millions ne peuvent être ressentis que comme une aumône par le peuple brésilien et l’inciter à faire bloc derrière ses dirigeants, dont la crédibilité commençait à s’effriter. Mais surtout, la France ne peut pas se permettre de donner des conseils aux autres nations en matière d’écologie tout en s’exonérant de remplir ses propres obligations et de mettre en œuvre les objectifs qu’elle a elle-même signés lors de la COP 21 à Paris. C’est bien beau d’être écolo pour les autres, de préconiser un ralentissement de la vitesse des navires marchands, c’est mieux encore de développer les énergies renouvelables, de subventionner l’amélioration de l’habitat, de mener une véritable transition écologique à l’échelle du pays. Le président, qui voit bien la paille dans l’œil de ses voisins, est aveuglé par la poutre qui occupe le sien et remet sans cesse aux calendes les promesses de sa toute récente conversion à l’écologie.
Que le président Bolsonaro soit un mufle et un rustre, cela ne fait guère de doute, mais n’autorise pas Emmanuel Macron à prétendre qu’il ne se permettrait pas de taxer un de ses « collègues » des termes dont a fait l’objet son épouse et lui-même. J’en déduis donc que, dans sa bouche, traiter son homologue brésilien de menteur doit être considéré comme un compliment ? Son attitude me rappelle celle de certains footballeurs, qui asticotent leur adversaire direct jusqu’à ce qu’il perde ses nerfs et fasse mine de répliquer. Alors, ils se tordent de la douleur d’un coup imaginaire et prennent à témoin l’arbitre, le public et le monde entier de l’insupportable violence qui leur a été faite, quand ils ne demandaient qu’à pratiquer leur sport paisiblement.