Le fabuleux destin…

D’Emmanuel Macron. Au moment où l’on célèbre la libération de Paris et le défilé triomphal du général de Gaulle sur les Champs Élysées le 26 août 1944, c’est l’occasion de rapprocher deux ascensions fulgurantes, qui n’ont aucun équivalent dans notre histoire récente. Tous les chefs d’états français, présidents du Conseil sous la 3e ou 4e république, ou présidents de la République sous la 5e, ont obtenu ce bâton de maréchal après une plus ou moins longue expérience dans les échelons subalternes, à deux exceptions près.

Avant le 18 juin 1940, quand il lance son fameux appel sur la BBC, que peu de gens ont entendu en direct, personne ou presque ne connait cet obscur colonel, théoricien de tactique et stratégie militaire pour le compte de Philippe Pétain, le héros de Verdun. 4 ans plus tard, il devient président du Gouvernement provisoire de la République française sans avoir jamais exercé le moindre mandat électif. Mais il s’agit là, évidemment, de circonstances tout à fait exceptionnelles. Emmanuel Macron n’a pas eu la « chance » de bénéficier d’une guerre mondiale, ni même d’une guerre napoléonienne qui permettait les promotions ultrarapides jusqu’au rang suprême de maréchal d’empire. Il lui aura suffi d’une Fronde. Le 24 août 2014, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, alors ministres du gouvernement de Manuel Valls, franchissent le Rubicon en défiant ouvertement l’autorité du président François Hollande au cours de la traditionnelle fête de la rose à Frangy-en-Bresse. La sanction tombera, inéluctablement. Ils ne feront pas partie du gouvernement suivant, toujours conduit par Manuel Valls. Par son départ, Arnaud Montebourg libère une place de choix au gouvernement, celle de ministre de l’Économie, qui va se voir confier à un fonctionnaire obscur, alors inconnu du grand public, jusque-là simple secrétaire adjoint de l’Élysée. 3 ans plus tard, Emmanuel Macron est président de la République, sans avoir remporté la moindre victoire électorale précédemment, à part peut-être celle de délégué de classe.

Encore aura-t-il fallu un concours de circonstances incroyable pour en arriver à cet alignement des planètes. Si le nez de Cléopâtre avait été plus long ou si François Fillon n’avait pas suicidé son propre camp en s’entêtant dans une candidature injouable, rien n’était pourtant fait dans une campagne réputée imperdable pour la droite. Elle l’a gagnée, d’ailleurs, mais avec un candidat masqué. Encore fallait-il que la droite extrême soit présente au second tour, pour faire office de repoussoir, et éliminer tout risque de défaite. Le naufrage en direct de Marine Le Pen pendant le débat télévisé a été la cerise sur le gâteau, mais les jeux étaient déjà faits depuis le premier tour. Quant à Arnaud Montebourg, il s’est lancé dans l’apiculture, et les trop rares électeurs de gauche ne lui disent pas merci.