Dormez, braves gens
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 31 juillet 2019 10:38
- Écrit par Claude Séné
La découverte du corps de Steve, ce jeune nantais porté disparu depuis le 21 juin au cours de la fête de la musique, a rendu vaines les supputations sur toute autre hypothèse que la noyade de l’animateur qui ne savait pas nager et a forcé les autorités à sortir de leur prudente réserve. Avec un sens remarquable du timing, l’Inspection générale de la police nationale a rendu public son rapport qui conclut par chance à l’absence de relation entre l’intervention de la police et la disparition du jeune homme.
Il n’y a donc aucune raison de paniquer. Rien qui justifie que le chef de l’état ait mis momentanément ses vacances entre parenthèses pour charger le Premier ministre de prendre en main personnellement cette affaire, en passant par-dessus la tête d’un ministre de l’intérieur visiblement en sursis, et qui le sait. Le regard dans le vague de Christophe Castaner pendant la déclaration d’Édouard Philippe à la presse en dit long. L’état a beau être très satisfait du rapport de l’IGPN, il a quand même décidé de demander une enquête de l’Inspection générale de l’administration, façon peu élégante de montrer qu’il ne croit pas plus que l’opinion publique à l’objectivité et l’impartialité de ses propres services. Et qui vérifiera le travail de ces nouveaux enquêteurs ? À tout hasard, le Premier ministre a émis l’hypothèse de la responsabilité de la maire socialiste de Nantes qui aurait failli, bien qu’elle n’ait pas été organisatrice de la fête. À quelques mois d’élections municipales faisant l’objet de convoitises de la part de la majorité, cela ne mange pas de pain, et ça peut rapporter gros. À défaut, on pourra toujours se retourner contre l’organisateur (privé) de la fête, et, en dernier recours, contre le préfet ou les services locaux, qui feront office de fusibles et de boucs émissaires.
Si l’on ne connait pas un jour la vérité sur cette affaire dramatique, ce ne sera pas faute d’avoir cherché. 89 personnes présentes à la fête de la musique ont porté plainte contre X après les incidents qui ont provoqué la chute de 14 personnes dans la Loire. Une information judiciaire est aussi ouverte pour homicide involontaire. Plusieurs policiers ont déposé plainte pour des violences sur leur personne, tandis que des fêtards ont dénoncé l’usage de lacrymogènes et de balles de défense, sans motif légitime. Jusqu’au défenseur des droits qui s’est autosaisi du dossier. Une chose est sûre, c’est que l’affaire est explosive et que le pouvoir la prend très au sérieux. Les conséquences en sont imprévisibles et l’impunité constante des forces « de l’ordre », encore illustrée récemment par le classement sans suite de l’enquête sur les 150 lycéens à genoux, mains sur la tête, ou menottés dans le dos sans raison valable, peut être le ferment d’une nouvelle jacquerie.