Au loup !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 1 août 2019 10:45
- Écrit par Claude Séné
Sans vouloir empiéter sur le terrain de jeu de mon invitée du dimanche qui nous régale chaque semaine d’une fable de La Fontaine, revisitée par ses soins, je voudrais à mon tour évoquer une histoire racontée par un autre fabuliste, dont La Fontaine s’est inspiré à plusieurs reprises, Ésope. C’est celle du garçon qui criait au loup. Le jeune berger s’amusait à faire croire à la présence d’un loup imaginaire et se divertissait de voir les villageois venir précipitamment à son secours, jusqu’au jour où un loup en griffes et en crocs vint réellement attaquer son troupeau et que personne ne se déplaça, croyant à une nouvelle fausse alerte.
La morale de cette fable est évidente et me parait s’appliquer à la réaction disproportionnée du ministre de l’Intérieur, qui a qualifié d’attentat le saccage stupide et dangereux d’une permanence du député de la République en marche à Perpignan. Le mot est particulièrement mal choisi tant il fait inévitablement penser, et c’est évidemment volontaire, aux actes terroristes qui ont endeuillé notre pays, et notamment au massacre du Bataclan. Probablement conscient de l’exagération dans l’utilisation de son vocabulaire, Christophe Castaner s’est échiné à justifier le terme au sens le plus plat et le plus littéral en évoquant la « préparation », symbolisée par des bidons d’essence, et le fait de vouloir « attenter » à la vie du député dont les agresseurs ignoraient pourtant la présence. Dans l’imaginaire collectif, nous sommes très loin des caractéristiques associées au terrorisme islamiste, les revendications explicites ayant trait à la religion musulmane, etc. Un ministre chargé du maintien de l’ordre devrait être particulièrement attentif à ne pas laisser se banaliser des termes tels que celui d’attentat, au risque de leur faire perdre toute signification. On peut s’amuser du terme « d’attentat pâtissier » pour désigner l’entartage dont se délecte le célèbre « gloupier », à condition de n’être pas dupe de sa propre plaisanterie.
Le terme du serial gaffeur, ministre de la Boulette du haut de son siège éjectable, est d’autant plus malheureux qu’il vient se télescoper avec un autre projet d’attentat, bien réel celui-là semble-t-il, bien qu’avec Christophe Castaner on ne peut être sûr de rien, qui vient d’être déjoué. Un détenu qui allait sortir bientôt aurait été approché par un coreligionnaire, apparemment radicalisé, pour prendre contact avec un troisième larron, à l’extérieur, un légionnaire susceptible de lui procurer des armes. À ce stade, le projet reste encore très flou, mais nettement différent, par nature, des dégradations commises à l’encontre de la permanence de Perpignan. Christophe Castaner, comme le garçon de la fable, tente désespérément d’exister, quand le Premier ministre le soutient comme la corde soutient le pendu.