Mensonges d’état

Le procureur de la République de Nice, qui avait affirmé qu’aucun policier n’avait bousculé Geneviève Legay au cours d’une manifestation de gilets jaunes, ce qui avait entraîné sa chute et de lourdes blessures, est revenu sur ses déclarations. Un peu contraint et forcé puisque le policier lui-même avait admis avoir poussé la septuagénaire, sans toutefois lui vouloir du mal. Ce qui est étonnant dans l’histoire, c’est que le haut fonctionnaire a avoué spontanément qu’il avait menti sciemment, alors qu’il aurait pu plaider la bonne foi et un manque d’informations précises.

Non, Jean-Michel Prêtre, un drôle de paroissien, entre nous, assume sans état d’âme ce gros mensonge, qui pourrait, en bonne logique, lui valoir quelques sanctions administratives du fait de l’image désastreuse que donne ce zélé fonctionnaire de l’administration, qui semble se mettre plus au service des dirigeants que de la vérité. Craintes infondées, puisque la ministre de la Justice, dont dépend ce brave homme a d’ores et déjà fait savoir qu’elle n’entreprendrait aucune procédure disciplinaire à son encontre. La tentation est grande d’y voir une collusion avec le pouvoir, d’autant que Mr Prêtre a indiqué qu’il avait menti pour ne pas embarrasser Emmanuel Macron. Malgré son mensonge initial, je le crois sur ce coup-là et c’est presque pire. Le fonctionnement de l’état est tellement gangréné qu’il n’est même pas besoin de donner des instructions pour maquiller la vérité. Les fonctionnaires d’autorité devancent l’appel. On se croirait revenu à la république des « copains et des coquins ».

Autre sujet, autre exemple. Pour illustrer le projet de réforme des retraites, le rapport présente des exemples comparant la situation de quelques personnes avant ou après la réforme. Et, ô surprise ! dans tous les cas ou presque, les salariés concernés sont gagnants. Et pour cause. Pour leur assurer un meilleur revenu, il a fallu leur attribuer une durée de cotisation plus longue. Dans l’entourage du rapporteur du projet, Jean-Paul Delevoye, et dans le gouvernement, Premier ministre en tête, on assume ce choix. Mieux encore on le revendique fièrement en affirmant que la procédure est transparente. C’est précisément là où le bât blesse. Ce pouvoir est tellement arrogant et sûr de pouvoir enfumer l’ensemble des Français, qu’il ne se donne même pas la peine de faire semblant d’être équitable. Sa seule réponse consiste à promettre une concertation, une de plus, pour faire passer la pilule sans changer une virgule à son projet. Le grand débat permanent peut faire plaisir à une frange urbaine et éduquée de la population, mais les catégories perdantes, et il y en a beaucoup, préfèreraient certainement des compensations en espèces sonnantes et trébuchantes.