Ratification
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 juillet 2019 10:08
- Écrit par Claude Séné
Le parlement français est invité à ratifier le traité commercial passé entre le Canada et l’Union européenne, comme devront le faire tous les pays membres. En apparence, la démocratie est respectée, puisque le dernier mot semble revenir au peuple. Pourtant, le peuple n’a pas l’air unanimement séduit par un accord qui, certes, ouvrira un débouché à nos fromages et à nos vins, mais permettra d’importer dans notre pays des animaux élevés dans des conditions bien différentes des normes européennes. Les Canadiens n’ont pas vécu, heureusement pour eux, la crise de la vache folle et ils autorisent des farines animales interdites chez nous.
Le risque, qui leur parait supportable, ne l’est pas pour nous, et les consommateurs ne pourront même pas choisir de ne pas acheter ces produits qui seront peut-être incorporés dans des préparations industrielles. Le gouvernement français, qui avait juré, la main sur le cœur, que ce serait impossible, est contraint de reconnaître qu’il a peut-être fait « une erreur ». Je suis désolé, cela s’appelle une faute. Le président Macron se justifie en considérant qu’il sera possible « d’améliorer » le projet. Je crains fort qu’il ne s’agisse d’une foutaise totale. Au contraire, l’exemple des OGM a montré que l’on ne revient jamais en arrière, à moins d’une catastrophe sanitaire, et encore. Première erreur, le projet d’accord est déjà en vigueur à titre « expérimental ». La consultation a posteriori est donc totalement verrouillée et Emmanuel Macron a beau jeu de renvoyer Nicolas Hulot à ses chères études pour avoir tardé à s’opposer au traité.
Car une ratification ne peut s’exprimer que par un oui, elle est purement formelle. Si les députés votent non, le traité continuera à s’appliquer, comme maintenant, en attendant qu’ils changent d’avis. Si l’on voulait vraiment consulter la représentation nationale, c’est bien entendu avant la conclusion du traité qu’il aurait fallu le faire. Cet accord commercial, comme celui du Mercosur, a été négocié entre technocrates et chefs d’états et de gouvernement, sans prendre en considération le moins du monde les opinions publiques. Cette forme de « démocratie » purement formelle ne peut que déconsidérer encore un peu plus les élites, qui prennent des décisions d’en haut et veulent faire le bien des citoyens malgré eux. La pantomime récente de la désignation d’Ursula Von der Leyen à la tête de la commission européenne en est un exemple flagrant. Les têtes pensantes et les puissants de la communauté européenne se sont mis d’accord à grand-peine sur le nom de la ministre allemande de la famille, non sans marchandages et contreparties sur les postes importants, et le château de cartes érigé laborieusement a bien failli s’écrouler au moment de la ratification par le parlement européen fraîchement élu. Vive la démocratie !