Noms d’oiseau

À force de considérer les élections européennes sous l’angle des résultats nationaux, en en aurait presque oublié que les mieux placés sur les listes allaient siéger effectivement au parlement européen, au moins sur le papier si l’on en juge par « l’assiduité » toute relative des députés issus du Front national au cours de la précédente mandature. Ainsi, la chef de file de la République en marche, Nathalie Loiseau, malgré une campagne catastrophique, se trouve donc représenter la France à Strasbourg, ce qui devrait nous faire des vacances et nous soulager de sa présence hexagonale.

La spécialiste des boulettes n’a pas traîné pour nous déconsidérer définitivement auprès de ses collègues députés en gratifiant un parterre de journalistes spécialisés de ses commentaires sur ses partenaires européens. Avec une naïveté déconcertante elle a traité de noms d’oiseaux les membres de son propre groupe, en espérant que ses propos ne lui soient pas attribués. Selon Nathalie Loiseau, experte en la matière, Jean Arthuis serait « un aigri », Guy Verhofstadt un frustré, une autre était traitée de « folle », le poulain du PPE à la présidence de la Commission, l’Allemand Manfred Weber, serait « un ectoplasme » et l’ensemble des alliés de la Rem dans le futur groupe libéral, une « bande d’amateurs ne connaissant rien à la politique ». Venant de sa part, ce n’est rien moins qu’ironique, elle qui a démontré un sens politique largement en dessous de la ligne de flottaison pendant sa campagne. Sans parler de sa bourde énorme quand elle critique ouvertement Angela Merkel, qu’elle rend responsable de tous les maux dont souffre l’Union européenne.

Après de telles déclarations, qu’elle a tenté sans succès de démentir, impossible de continuer à briguer la présidence du groupe centriste qui va succéder à l’Alliance des libéraux et des démocrates européens. Ce serait Macron en personne qui l’aurait forcée à renoncer, bien qu’elle prétende s’être retirée de la course par pur altruisme. Certains sont opiniâtres, d’autres, dont elle fait visiblement partie, sont butés. On dit dans son propre entourage qu’elle ne reconnait jamais ses erreurs. De fait elle n’est arrivée en politique que par une erreur de casting. C’est Emmanuel Macron en personne qui l’a choisie, d’abord comme ministre, puis comme tête de liste. Il devra en payer le prix d’une baisse d’influence auprès de nos alliés européens, lui qui rêvait de prendre le leadership de la commission et du parlement en rééditant l’OPA réussie au niveau national et en l’élargissant à la Communauté. La première qualité d’un dirigeant est de savoir s’entourer. Avec ce drôle d’oiseau, on ne peut pas dire qu’il a tiré le bon numéro, et ce boulet va le freiner considérablement.