Priorité à droite

Il y a seulement deux ans, le mouvement initié par un ministre ambitieux pour lui servir de tremplin présidentiel prétendait dépasser le clivage entre la droite et la gauche. L’antienne de la propagande pouvait se résumer à la prétention d’être à la fois de droite et de gauche, le fameux « en même temps », et la comparaison la plus utilisée pour résumer la doctrine consistait à affirmer qu’« En Marche » s’appuyait sur ses deux jambes pour avancer. Que reste-t-il de cette promesse, au milieu du gué, et après la crise qui a secoué le pays ?

À bien y regarder ni la ligne politique ni les individus chargés de l’incarner, n’ont véritablement et à aucun moment porté les idées et les valeurs traditionnellement défendues par la gauche. Le Premier ministre, et les membres principaux du gouvernement sont issus de la droite « classique », ce qui a mis le parti Les républicains dans l’embarras pour critiquer leur action. Quant à ceux qui se réclamaient autrefois de la gauche, ils ont dû abandonner leurs convictions, s’ils en avaient, pour embrasser la doctrine présidentielle. Certains, comme Nicolas Hulot, en ont tiré les conséquences en démissionnant de leurs fonctions et en abandonnant leur maroquin, prix de leur renoncement. Ceux qui sont restés sont devenus otages, prises de guerre, cautions, ou tout ce que vous voulez, sans la moindre possibilité d’infléchir la politique antisociale du gouvernement. La conséquence immédiate de cet état de fait, c’est que les Français considèrent à juste titre que c’est Emmanuel Macron qui est le véritable chef de la droite, tandis que la gauche, éparpillée façon puzzle, est pour l’instant aux abonnés absents.

J’ai lu, il y a longtemps, une théorie qui se basait sur l’inégalité de longueur des deux jambes pour expliquer le fait que l’on avait tendance à tourner à droite quand on manquait de repères, comme dans une forêt par exemple. C’est ce qui expliquerait le fait que l’on se perde parce qu’on finirait toujours par tourner en rond. Ce serait aussi pour cette raison que les grandes surfaces ont généralement leur entrée à droite, alors que l’alimentation est placée au fond et à gauche du magasin, pour obliger les consommateurs à visiter les rayons dans lesquels ils n’avaient pas prévu de se rendre, et les tenter de faire des achats « d’impulsion » en voyant les produits dans les linéaires. Si l’on pousse l’analogie à son terme, j’espère que les Français vont finir par refuser les ersatz médiocres qu’on leur fait avaler et qu’ils vont se rendre compte que ce gouvernement essaie de les faire tourner en rond, et parfois même, en bourrique !