Les enfants de la honte

Nous ne rêvons pas. Nous sommes bien dans un pays qui se veut être l’inventeur des droits de l’homme et du citoyen. Un pays riche, la 7e puissance mondiale en termes de produit intérieur brut. Un des pays où l’espérance de vie est la plus forte, et où il fait bon vivre, du moins pour ceux qui en ont les moyens. Et cependant, un pays rappelé à l’ordre humanitaire par la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Défenseur des droits au sujet des enfants de djihadistes, rapatriés au compte-goutte depuis les camps de réfugiés en Syrie.

Il y aurait environ 300 enfants de nationalité française qui survivent dans des conditions abominables et dégradantes dans ces camps où ils courent un risque immédiat et vital, sans que leur sort semble émouvoir quiconque au plus haut sommet de l’état. Alors quoi ? Nous n’aurions pas les moyens de subvenir aux besoins de nos ressortissants ? La seule réponse « officielle » de l’état français a été de débloquer une enveloppe d’un million d’euros et de s’engager à examiner les situations « au cas par cas ». Une façon peu élégante de sous-entendre que certains enfants et leur famille peuvent bien mourir sur place, comme si les enfants étaient pour quelque chose dans les choix criminels de leurs parents. Encore plus insidieusement, les autorités semblent adhérer aux propos de François Molins, procureur de la République, qui s’interroge sur le devenir des enfants de djihadistes, car ils pourraient devenir des « bombes à retardement » et s’engager du côté obscur de la force une fois parvenus à l’âge adulte. Serait-ce une raison pour les condamner par avance et éviter de faire le nécessaire pour enrayer une pseudo-fatalité ?

On voit bien que le gouvernement et le chef de l’état sont embarrassés et ne savent pas quoi faire par rapport à cette question. Leur stratégie consiste essentiellement à gagner du temps. Si seulement ils pouvaient sous-traiter à l’Irak, ou à la Turquie, ou à qui voudra, l’épineux problème des familles, comme ils l’ont déjà fait pour les adultes, dont il faudra simplement s’assurer qu’ils ne subiront pas une peine de mort effective, ce serait un grand soulagement. Le quai d’Orsay en est réduit à proposer un dilemme aux familles : rapatrier les enfants les plus en danger, mais les séparer de leurs mères, jugées trop radicalisées et complices, voire plus, des combattants. Seuls 5 orphelins et une fillette ont ainsi été ramenés en France en Mars dernier. Cette situation est un scandale absolu et doit cesser immédiatement. Ce n’est qu’une question de volonté politique et n’est pas digne d’un pays comme la France.

Commentaires  

#1 jacotte.july 31-05-2019 11:49
merci d'enfoncer le clou ...voir mon billet du 6 Avril
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