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Je hais les dimanches
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 25 mai 2019 10:58
- Écrit par Claude Séné
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C’est ce que chantait Juliette Gréco sur des paroles de Charles Aznavour dans les années 50. À l’époque, la chanson exprimait un certain malaise existentialiste. De nos jours, elle prend un tout autre sens pour ces deux employés d’un supermarché Cora, licenciés pour faute grave parce qu’ils avaient refusé de travailler le dimanche. Au passage, on a pu mesurer le degré de culture géographique de la presse parisienne qui a situé dans un premier temps la ville de Saint-Malo en… Normandie ! Déjà que le mont Saint-Michel a été volé aux Bretons par les divagations du Couesnon !
Ce licenciement, qui semble réunir toutes les conditions pour être qualifié d’abusif, relance le débat sur le travail dominical. En 2015, un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, a réussi à faire passer un élargissement des autorisations d’ouverture de magasins le dimanche, en prétendant que ce serait toujours sur la base du volontariat, et que ce serait une façon utile et agréable pour les salariés d’arrondir leurs fins de mois, plutôt que d’attendre une hypothétique augmentation de salaire. Pour la stagnation du pouvoir d’achat, je confirme, rien ne bouge vraiment de ce côté-là. Pour le volontariat, on voit bien qu’il y a mille façons de forcer la main aux salariés, ne serait-ce qu’en n’embauchant pas les « fortes têtes », ou en matant les récalcitrants, ceux qui, comme Julien, prétendent pouvoir bénéficier de leur dimanche pour s’adonner à leur activité favorite et pratiquer le sport amateur. Si les pressions « amicales » ne suffisent pas, la direction de Cora est prête à sortir la menace et à employer les grands moyens.
Il semble toutefois qu’elle soit tombée sur un os. Le syndicat majoritaire dans la chaîne, la CFTC, semble bien décidé à ne pas laisser les choses en l’état. Son juriste dispose de sérieux arguments qu’il compte bien faire valoir au cours des négociations que la direction a fini par accepter, et si nécessaire, saisira le tribunal des prud’hommes dans une procédure dont l’issue ne fait guère de doute. Ce ne sera ni la première ni la dernière tentative du patronat local d’insérer un coin dans la législation pour essayer de créer une jurisprudence réduisant toujours plus les droits des salariés. Quant à moi, vous aurez remarqué que je m’octroie, depuis plusieurs années, le droit de me reposer le 7e jour, comme un certain barbu là-haut, et que j’ai trouvé une solution élégante pour ne pas vous priver de lecture en faisant appel à mon invitée dominicale, que vous retrouverez donc demain. Je vous rassure, elle est vraiment volontaire, et de toute façon, complètement bénévole.
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