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Hommage collatéral
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 15 mai 2019 10:35
- Écrit par Claude Séné
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Je sens que je ne vais pas me faire que des amis, mais suis-je vraiment le seul à estimer que l’on en a fait trop et trop longtemps pour rendre hommage aux deux soldats des forces spéciales qui ont été tués au cours de l’opération qui a permis la libération de 4 otages au Burkina Faso ? Impossible d’allumer sa télévision ou sa radio sans tomber sur la énième rediffusion d’images ou de propos consacrés à cet évènement, spécialement sur les chaînes consacrées à l’information en continu.
Jusqu’aux militaires eux-mêmes qui auraient, semble-t-il, préféré une certaine sobriété dans les cérémonies civiles, se réservant de rendre les honneurs à leurs camarades, morts dans l’exercice de leurs fonctions. Je n’aurais pas trouvé illégitime que les familles aient la possibilité de choisir des obsèques célébrées dans la plus stricte intimité, selon la formule consacrée, qui n’auraient nullement empêché les autorités, et notamment le président de la République, de prononcer un discours en l’honneur de ces deux soldats, au nom de la nation. Que ce soient les parents, la famille, les proches ou les amis, ce sont avant tout des personnes qu’ils ont perdues et leur chagrin, sincère, n’a, me semble-t-il, nul besoin d’un retentissement médiatique aussi appuyé. Les représentants de l’état sont dans leur rôle en montrant la compassion du peuple français, mais en faire trop ne peut que provoquer la suspicion d’une récupération politique à deux semaines d’un scrutin où le président joue une partie de sa crédibilité.
On peut légitimement mettre en doute la totale sincérité d’Emmanuel Macron dans cette malheureuse affaire. Il a bien fallu son feu vert pour valider la décision d’intervention en dépit des risques encourus par les membres du commando. À ce titre, il est comptable des pertes enregistrées. Son hommage appuyé à l’héroïsme des soldats, outre qu’il suscite mécaniquement l’émotion du bon peuple, fier de la qualité de son armée, ne serait-il pas destiné à détourner l’attention du bien-fondé, ou pas, de sa décision ? Quant au maelstrom médiatique, je sais que je devrais être vacciné, mais je ne m’y fais décidément pas. Alors que l’on ne parlait quasiment plus que de cela depuis quelques jours, le sujet se retrouve ce matin relégué aux oubliettes de l’histoire, ce qui, je l’avoue, va me permettre de réécouter France-Info sans subir, pour l’instant, un discours monomaniaque, en attendant le prochain emballement journalistique. « Le public a le droit de savoir », me dira-t-on. Certes, mais on n’est pas obligé de l’ensevelir sous un flot d’informations redondantes, répétées ad nauseam tous les quarts d’heure à la virgule près.
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